Avec ce "Legend", le réalisateur Ridley Scott nous offre un spectacle très réussi au niveau visuel avec des images de toute beauté, hélas au service d'une intrigue trop légère et guère palpitante.
Le script suit les aventures d'un jeune homme, Jack et de ses amis les elfes avec qui, il va essayer de sauver sa bien-aimée, la princesse Lily, retenue prisonnière de Darkness, le prince des ténèbres au passe de dominer le monde si Jack n'arrive pas à gêner ses plans diaboliques.
Après un rapide détour par cette forêt enchanteresse peuplée d'animaux, le métrage va plonger dans l'antre du Seigneur des ténèbres, Darkness où celui-ci va dicter ses plans à une petite créature humanoïde difforme et repoussante, à savoir tuer les deux dernières licornes encore en vie dans le royaume, celles-ci constituant le dernier obstacle à la réalisation de son plan destiné à imposer la nuit éternelle qui va lui permettre de régner à jamais, pour une séquence au cours de laquelle le réalisateur aura l'intelligence de cacher le commanditaire pour laisser planer une aura maléfique. Ensuite, l'intrigue va retourner dans la forêt pour y suivre la jeune et espiègle Lily, la princesse du royaume préférant la compagnie de petites gens, comme nous le montrera sa courte conversation avec une paysanne, et surtout celle d'un jeune homme vivant dans la forêt, Jack, avec qui elle s'amuse et apprend à parler la langue des animaux, tout en rêvant vraisemblablement d'être intime avec lui. Cette présentation des personnages sera quand même bien naïve et légère tout en demeurant superficielle, n'entraînant de la sorte aucun attachement du spectateur.
Jack va alors inviter Lily à voir un spectacle rare, deux licornes batifolant dans une rivière, sans se douter que les envoyés du Seigneur des ténèbres guettaient et allaient profiter de l'inconscience de Lily, celle-ci allant chercher à caresser les licornes, pour tirer une flèche empoisonnée sur l'une des licornes, la tuant ainsi peu après pour s'emparer de sa corne synonyme de puissance. Cet événement va plonger le royaume dans un hiver brusque et rigoureux, séparant les deux amoureux. Jack va se réveiller pour se voir conspuer par une petite bande d'elfes, mais après avec répondu avec succès à une devinette réparatrice c'est flanqué de ses nouveaux amis qu'il va reprendre la route, à la recherche de Lily, enlevée avec la licorne survivante par les émissaires de Darkness. Cette quête va apporter à l"intrigue quelques rebondissements basiques mais graphiques (la sorcière), avant que tout ce petit monde ne se retrouve dans l'antre de Darkness pour un dernier acte certes couru d'avance mais avançant quelques situations intéressantes. En effet, Ridley Scott va enfin nous faire découvrir le physique impressionnant de Darkness, une sorte de diable cornu classique tout droit sorti d'une image d'Epinal très réussi, pour nous le montrer en train d'essayer de convertir Lily au Mal afin d'en faire son épouse pour l'éternité. Mais outre ce Darkness qui gardera une place de choix dans le bestiaire des monstres du cinéma fantastique, le métrage va avancer toute une série d'événements qui prendront place dans des décors remarquables par leur aspect sordide et sinistre, tout comme certains serviteurs infernaux eux aussi terriblement graphiques (les "cuisiniers").
Effectivement, c'est bien plus sur la forme que sur le fond qu'il faudra chercher les attraits du métrage. Ainsi hélas l'intrigue demeurera basique au possible avec ce traditionnel combat du Bien contre le Mal représenté par des protagonistes simplistes et guère fouillés, tandis que le cheminement d'ensemble n'apportera aucune surprise au cours de situations prévisibles et pas forcément bien agencées entre elles et que l'ensemble souffrira d'un faux rythme qui n'aidera pas à garder l'attention du spectateur.
Pour cela, il faudra donc compter les la beauté des images, omniprésente, que ce soit lors des séquences se déroulant dans les bois qui avanceront une pureté sans faille emblématique qui contrastera radicalement avec la noirceur sans nom, humide et dégoûtante de l'antre corrompu de Darkness.
Et si les personnages principaux resteront fades, les seconds rôles assureront quand même le spectacle, et notamment ces elfes dont le chef sera étrange et charismatique, alors que ses seconds amèneront un humour léger souriant mais quelque peu niais.
L'interprétation est assez convaincante, avec un Tom Cruise alors à ses débuts idéal un jeune premier à la pureté absolue, tout comme Mia Sara qui offrira une brève sensualité lorsque elle sera pervertie par Darkness.
La mise en scène de Ridley Scott arrive sans mal à magnifier les images mais peinera à donner du rythme à l'ensemble. Les effets spéciaux sont probants, aussi bien pour le maquillage épatant de Darkness que pour l'aménagement des décors suintants de son antre et la création des autres créatures peuplant le métrage.
Donc, ce "Legend" pourra s'apprécier pour son souci esthétique qui collera parfaitement avec l'ambiance féerique désirée, mais ne parviendra pas à impliquer ni à captiver véritablement son spectateur !
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