Réalisé par notre compatriote Fabrice Lambot (auparavant auteur de plusieurs courts-métrages dont le réussi "Le sang du châtiment") et produit par Jean-Pierre Putters, le fondateur de la revue "Mad Movies", ce "Dying god", avec en plus un pitch prometteur, avait ainsi largement de quoi émoustiller l'amateur de films de genre ! Le résultat est certes très "premier degré", mais cela n'empêche pas le métrage d'être plaisant, rythmé et blindé de références au cinéma-bis et d'exploitation que les auteurs affectionnent.
Le script suit l'enquête d'un policier "cow-boy", suite au meurtre étrange de plusieurs prostituées, qui va le mener sur la trace d'un être issu du folklore amérindiens, le Kurupi.
Après une courte séquence d'introduction suivant un jeune indien courant dans la jungle en portant un bébé caché dans des draps et poursuivi par des hommes cherchant à le tuer pour finalement être ramassé par un homme blanc qui va l'emmener avec lui, le métrage va prendre place en ville pour suivre une prostituées rentrant chez elle, mais elle n'y arrivera pas puisqu'elle va être attaquée et tué sous son porche. Ensuite, l'intrigue va nous présenter son personnage principal, Dean Fallon, un policier se rendant sur les lieux du crime vu juste auparavant pour y rejoindre le médecin légiste et y découvrir la jeune femme le ventre perforé.
Le métrage va alors s'attacher à suivre Fallon dans ses activités plus ou moins louches, avançant ainsi un policier aux méthodes brutales dans la grande tradition mais n'hésitant à copiner avec les prostituées et même à les défendre contre des clients bizarres, tout en se livrant à un trafic d'armes issues des saisies qu'il revend à des truands. Ce personnage désabusé suite à un événement douloureux l'ayant fait en plus sombré dans l'alcoolisme occupera une bonne partie de l'entame du métrage, tandis que d'autres meurtres de prostituées vont avoir lieu, entraînant la fureur des souteneurs de la ville qui vont finir par se réunir afin de tenter d'attraper l'assassin, alors que suite à l'arrestation d'un vieil indien sur les lieux d'un des meurtres, Fallon va se pencher dans la mythologie amérindiennes et plus précisément sur le Kurupi, un monstre mythologique doté d'un sexe long de deux mètres et cherchant tout le temps à s'accoupler.
A partir de cette intrigue avançant une créature incroyable et bien entendu sujette à tous les délires possibles, le métrage va surtout s'intéresser à son personnage principal, dont nous suivrons également les déboires vécues avec sa nouvelle petite amie, un prostituée s'occupant de lui, mais ce sera principalement dans l'action que les rebondissements vont s'enchaîner sur un rythme vif, délaissant quelque peu la créature meurtrière dans la première partie du film pour œuvrer dans le polar urbain doté d'une violence sèche, avant de se recentrer (enfin !) sur le monstre que nous finirons par découvrir dans un dernier acte qui laissera un peu le spectateur sur sa faim par la sous-exploitation de la bête humanoïde dont l'attribut particulier ne sera que brièvement visualisé et ne donnera pas le piment déjanté espéré à l'ensemble.
Mais contrairement à ce que l'on aurait pu penser, le réalisateur ne va pas du tout verser dans un ton rigolard pour suivre les méfaits de son monstre, bien au contraire, grâce en partie à ce personnage principal torturé et désabusé, le métrage va se dérouler dans une ambiance sombre et presque sordide, parfois même volontairement proche du giallo (la séquence de l'homme pervers attaquant la prostituée avant de se faire descendre) qui étrangement ne prêtera jamais véritablement à sourire, sauf lorsque le réalisateur lancera des traits d'humour corrosifs ( la courte attaque des nonnes, par exemple).
L'interprétation est ici convaincante, et outre James Horan très à l'aise dans le rôle principal, on retrouvera avec plaisir Lance Henriksen dan un second rôle adéquat et la belle Erin Brown, plus connue sous son ancien pseudonyme de Misty Mundae, qui apportera un brin de sensualité au métrage tout en offrant de la consistance à l'intrigue. La mise en scène du réalisateur est assez efficace, donnant continuellement du rythme au film, tout en utilisant ses effets avec efficience et en plaçant tout au long de l'intrigue des références au genre.
Les effets spéciaux sont globalement probants, avec quelques plans sanglants volontaires (dont un sévère éclatement de tête) réussis, tandis que la créature offrira un look assez commun mais quand même graphique et pas trop "cheap".
Donc, ce "Dying god" aura largement de quoi se faire apprécier, en étant rythmé, doté d'une ambiance noire convaincante et en ne sombrant jamais dans la dérision ou le ridicule malgré son élément monstrueux qui aurait facilement pu faire basculer l'ensemble, et même si on aura quand même l'impression que le réalisateur n'est pas allé au bout de son délire !
|