Le voici enfin, le premier film de Xavier Gens, réalisateur du médiocre "Hitman", sortit en salle il y a un mois. Vendu comme un brûlot social et politique ultra-violent, "Frontière(s)" se veut plutôt un authentique film d'exploitation (du sang à gros bouillon, des seins putréfiés et des gros mots qui claquent). Ce qui choque de prime abord réside dans la caractérisation outrancière et volontiers caricaturale de ses personnages. Racailles des cités en mal de violence, jeune femme paumée victime du système, nostalgiques du Troisième Reich en manque de sang frais, les protagonistes de "Frontière(s)" se révèlent rapidement insupportables au plus haut point, la faute à des dialogues ridicules assénés par des comédiens en roue libre (mention spéciale à Aurélien Wiik, vraiment irritant). La direction d'acteurs n'étant vraiment pas le point fort du cinéaste (si l'on excepte Samuel LeBihan, monstrueux et charismatique à mort en nazi bourrin, animal et totalement leatherfacesque), celui-ci préfère s'attarder sur le visuel de son film, pour le plus grand bonheur des fans du genre.
Car s'il y a une chose de sûr à retenir de ce film hallucinant, c'est bien l'incroyable énergie qui parcourt le métrage de bout en bout, énergie véhiculée par une mise en scène nerveuse et immersive. Survival féroce et outrancier, "Frontière(s)" pratique l'extrémisme à tous les niveaux, balançant à la face du spectateur son lot de scènes hyper-gores (le tranchage de tendons, un must), sa vulgarité jouissive («Où est la fille ?», «Dans ton cul, salaud de nazi !») et son irrespect total envers qui ou quoi que ce soit. S'il est loin d'apporter une quelconque légitimité au genre, le shocker furieux de Gens s'impose comme un tour de force sans pareil, certes maladroit et grossier, mais toujours sincère dans ses influences ("Massacre à la tronçonneuse", "Le Sous-sol de la peur"...) et jusqu'auboutiste dans sa démarche (un bros bis qui défonce !). Une claque, à voir ne serait-ce que pour le croire !
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