C’est sur un ton résolument comique que ce "Fido" va s’accommoder du thème du zombie pour nous délivrer une satire de l'"american way of life" souriante et en même temps sarcastique.
Le script invite dans une famille de la classe moyenne américaine un zombie domestiqué grâce à un collier électronique lui ôtant ses pulsions cannibales, pour y suivre l'amitié qui va naître entre lui et le fils de la famille, provoquant la jalousie du père mais déclenchant également bien des catastrophes.
La mise en situation va d'abord résumer sous la forme d'un reportage télévisuel (reprenant parfaitement le style des années cinquante où est censée se dérouler l'action) l'enchaînement de circonstances ayant entraîné l'apparition des zombies due à un nuage radioactif, pour ensuite brièvement conter la guerre ayant eu lieu entre humains et morts-vivants jusqu'à ce qu'un ingénieur invente un collier capable de réduire les zombies en esclaves obéissant à l'homme, avant de nous présenter successivement les personnages principaux et d'abord Timmy, un jeune garçon solitaire plus ou moins malmené par ses camarades de classe, alors que le métrage va bien entendu d'entrée inclure ces zombies domestiqués effectuant des tâches diverses et variées, provoquant quand même régulièrement l'étonnement.
Ensuite, le métrage va continuer de s'immiscer dans le quotidien de Timmy, coincé entre une mère obnubilée par le regard des autres et ce que l'on va penser de sa famille et un père l'ignorant complètement, blessé intérieurement par le fait d'avoir dû tuer son propre père devenu un mort-vivant.
Ce sera par de multiples petits détails en apparence anodins que le réalisateur va fournir un univers riche et crédible à son intrigue ayant parfaitement intégrée les morts-vivants dans la vie courante, au point que ceux-ci sont devenu un signe de richesse, ne pas posséder de zombie domestique chez soi étant presque une tare sociale. Et ce sera donc dans son besoin de reconnaissance que la mère de Timmy va acheter un zombie, et surtout pour essayer de se conformer et de ne pas avoir l'air désargentée devant leurs nouveaux voisins, les Bottoms dont le mari est le nouveau chef de la sécurité de "Zomcom", la firme régnant en maître sur la ville et le monde en contrôlant les zombies et en étant à l'origine du fameux collier.
L'arrivée de ce zombie va déclencher une petite crise entre les parents de Timmy, son père ayant une peur bleue des morts-vivants, alors que Timmy va progressivement apprécier la présence de ce nouveau compagnon, surtout après que le zombie, bientôt appelé "Fido" par Timmy, va le sauver des mains de deux de ses camarades de classe bien décidés à se venger d'une affaire passée. Mais un premier "accident" occasionné par une panne du collier de Fido va déboucher sur une série de rebondissements alternant un comique de situation bien pensé à une réflexion plus profonde sur la condition humaine et tout en fustigeant copieusement un certain mode de vie américain qui ici ne sera épargné d'aucune salve.
En effet, si l'humour du métrage comportera son lot de situations profitant d'un comique délivré par l'incapacité des zombies à effectuer correctement leur tâches (la bouteille de lait) et par leur attitude maladroite et gauche, ce seront surtout les critiques sous-entendues qui se montreront les plus ironiques et les plus sarcastiques en écorchant aussi bien certains penchants (la jeune zombiette servant de compagne à un voisin vicieux) qu'en dressant le portrait au vitriol de cette famille dont l'harmonie de façade volera en éclats au fil des événements, et alors que le réalisateur suivra avec une affection complice l'amitié qui va naître entre Timmy et "son" zombie.
Par contre, l'amateur de films de morts-vivants risquera d'en être pour ses frais, puisque le métrage ne délivrera que très peu de situations horrifiques (même si le dernier acte sera quelque peu graphique) et l'intrigue ne s'attardera pas longtemps sur cette "zone interdite" capable d'alimenter bien des fantasmes sanglants, mais la volonté du réalisateur n'était pas bien sûr de dériver vers l'épouvante ou le gore.
L'interprétation est ici convaincante à tous les niveaux, portée par des acteurs impliqués dans leur rôle, tandis que la mise en scène du réalisateur est vive et apte à donner du rythme et de l'ampleur aux situations comiques du métrage, tout en retranscrivant de belle manière l'aspect "années cinquante" de l'intrigue.
Les effets spéciaux sont tout à fait probants, essentiellement concentrés sur les maquillages crédibles des zombies, mais aussi pour quelques plans sanglants.
Donc, ce "Fido", tout en offrant plusieurs niveaux de lecture, offrira à son spectateur son humour corrosif décapant tout en n'excluant pas de jouer avec les sentiments !
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