Plus connu pour ses comédies, Ernst Lubitsch (To be or not to be) a également réalisé des drames. C'est le cas de L'homme que j'ai tué qui a été fait dans l'entre-deux-guerres, en 1932. Le film s'intéresse particulièrement sur les conséquences de la guerre (le film se déroule en 1919). Ernst Lubitsch a la grande force d'exprimer en quelques plans toute l'horreur de la guerre (la scène dans les tranchées) mais aussi de bouleverser le spectateur (la scène où le français se recueille sur la tombe de l'allemand qu'il a tué). Le film traite de questions aussi essentielles que le pardon, la famille, l'amour. Mais le scénario du film est particulièrement torturé avec un français, pris de culpabilité, décide d'aller voir la famille de l'allemand qu'il a tué. Mais, incapable d'avouer son meurtre, il finit par inventer d'autres choses et être apprécié de cette famille. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Lubitsch crée un vrai suspense car on se demande quand (si c'est le cas) il va avouer son meutre et quelle sera la réaction de cette famille allemande qui le considère comme l'un des siens. A partir d'un scénario bien casse-gueule, Lubitsch réussit brillamment à retomber sur ses pattes. Le film de Lubitsch est aussi un vibrant plaidoyer contre la guerre qui montre bien que celle-ci est terrible des deux côtés (allemand et français). Le seul coupable c'est la guerre. C'est elle qui monte les gens les uns contre les autres. Ce film magistral est servi d'excellents acteurs, avec notamment le couple Nancy Carroll, qui joue Elsa (la fiancée de l'homme mort) et Phillipps Holmes, qui joue le rôle du français. En outre, la mise en scène de Lubitsch est particulièrement fluide. En quelques plans, Lubitsch réussit à décrire une petite ville provinciale, comme dans son célèbre The shop around the corner (Rendez-vous). Sorte de mélodrame sur la culpabilité, le pardon, la réconciliation, L'homme que j'ai tué est un très grand film.
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