Parmis les nombreux sous-genres du cinéma d'exploitation, le film de nonnes (aka nunsploitation) est l'un des plus jouissifs. Jouissif par ses intrigues souvent à base de bonnes soeurs dévergondées et/ou assassinées, jouissif par son visuel souvent baroque, érotique et malsain, jouissif par sa transgression assumée et, souvent, jusquauboutiste.
Grand ordonnateur d'un cinéma psychotronique absolu, l'immense Bruno Mattei ne pouvait échapper à cette approche résolument perverse du mythe de la vierge effarouchée. La même année que son chef-d'oeuvre, l'hystérique et surréaliste "Virus cannibale", le génie génial s'attaque donc à cette sombre histoire de nonnes assassinées dans un couvent empli de mystères.
Dire que cet "Autre enfer" (titre alternatif du "Couvent infernal") est loin des monuments zombiesques-gores de l'Ed Wood italien est un euphémisme. Visiblement peu concerné par un scénario torché par son âme damné, le tâcheron Claudio Fragasso, Mattei se contente du stricte minimum, filmant des acteurs (?) en totale roue libre (mention spéciale à l'insupportable Franca Stoppi en mère supérieure hystérique), éclairant aux projecteurs colorisés (rouge, bleu ou vert) des décors au rabais, balançant un ou deux meurtres un peu gores entre deux tunnels dialogués, et terminant son film dans le nawak fantastico-spécial le plus abscon.
Film moche et pas intéressant, même pas cul ni très violent, "L'Autre enfer" constitue donc la lie du nunsploitation, loin des délires graphiques du "Couvent de la bête sacrée" de Norifumi Suzuki, de la subversion des furieux "Diables" de Ken Russell ou de la poésie du magnifique "Narcisse noir" de Powell & Pressburger : un pur et dur Z italien, à réserver aux amateurs de choses filmiques, et aux aficionados (s'il y en a) du mégalo Claudio Fragasso, auto-proclamé "auteur" (rires !) de ce truc pas possible ! Restent deux plans bien gravos, digne du géant Mattei, ami des animaux devant l'éternel : un stock-shot de chouette et une décapitation live de poulet ! Merci Bruno (et Claudio...) !
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