Film marquant clairement le déclin de la carrière du grand Lucio Fulci, ce "Murder rock" n'offrira rien de bien palpitant pour laisser s'exprimer une intrigue pâlichonne débouchant sur un giallo terne et sans surprise.
Le script suit une vague de meurtres perpétrés sur des élèves d'une grande école de danse moderne new-yorkaise, laissant plusieurs suspects occuper le devant de la scène.
Après un générique involontairement hilarant nous montrant quelques gugusses dans un décor de discothèque danser une sorte de hip-hop très à la mode dans les années quatre-vingt, mais ici horrible et tordant, le métrage s'installe donc dans cette école de danse très réputée pour y suivre un ballet disco dansé par quelques demoiselles, sous les yeux de leur professeur, de la directrice du cours et du patron des lieux, qui vont s'entretenir sur un choix imprévu à faire parmi les danseuses pour sélectionner les trois meilleures, au risque de transformer l'émulation en compétition sévère et sans merci. Mais à la fin du cours, une demoiselle, abandonnée par son petit amie le temps de prendre une douche, sera assassinée par des mains mystérieuses, en étant d'abord chloroformée avant d'avoir le coeur percé à l'aide d'une longue aiguille.
Cette entame du métrage, si elle permettra au réalisateur de placer de nombreux plans sur les croupes et les entrejambes des jolies danseuses, restera bien classique, aussi bien dans la présentation des différents personnages qui essaiera de manière simpliste d'orienter déjà le spectateur vers un éventuel suspect alors qu'aucun meurtre n'a encore été commis, tandis que justement le premier crime prendra place lors d'une séquence beaucoup trop sage, puisque l'assassin utilisera avec cette dague le moyen le moins sanglant possible pour tuer sa victime, tout en dévoilant quand même son buste offert, alors que cette scène sera plutôt bien agencée ( les lumières clignotantes ).
Ensuite l'intrigue va lancer son enquête policière, menée par un duo parfois porteur d'un humour discret et bien placé, sue le puis les meurtres puisque l'assassin va continuer à "s'acharner" sur les différentes élèves du cours de Candice, la responsable sévère, aussi bien avec les jeunes danseuses qu'avec leur professeur, mais entretenant des rapports flous avec le directeur dont la mine patibulaire le placera d'office comme suspect numéro un, surtout à la vue de son attirance envers les jeunes femmes.
Et alors que l'intrigue s'entêtait à accumuler les situations plaçant les différents protagonistes sur la liste des suspects, un cauchemar de Candice la montrant traquée par un inconnu armé d'une dague similaire à celle du meurtrier va déclencher de nouvelles péripéties puisqu'elle va reconnaître cet individu sur un panneau publicitaire et le rencontrer avant d'entamer une relation amoureuse avec lui, mais lui aussi pourrait faire un suspect idéal, jusqu'à ce qu'un final sans relief ne vienne apporter toute la lumière sur cette histoire de vengeance alambiquée teintée de frustration.
Hélas, cette intrigue déjà peu originale et flirtant régulièrement avec le ridicule ne va pas du tout permettre au réalisateur de "L'au-delà" et autres "L'éventreur de New-york" de s'exprimer véritablement, pour ne produire qu'un langage cinématographique pauvre et aseptisé, dépourvu de toute violence (les meurtres resteront désespérément softs et diamétralement à l'opposé des débordements gores ayant fait la réputation de son auteur), et le goût prononcé pour le macabre de Lucio Fulci ne transparaîtra que lors de rares plans (le brancard transportant la première victime passant au milieu des autres élèves), tandis que seules des figures obligées du giallo sont ici utilisées (les plans avançant cette main gantée s'approchant des victimes) sans conviction.
L'érotisme restera également assez prude, en se contentant de brièvement dénuder quelques demoiselles et en laissant apparaître quelques attributs mammaires lors des meurtres.
L'interprétation est rarement convaincante, et ainsi seule Olga Karlatos, que Lucio Fulci retrouvera donc ici cinq ans après la mémorable scène de l'écharde dans l'oeil de "L'enfer des zombies", parviendra à tirer son épingle du jeu. La mise en scène de Lucio Fulci est donc terriblement neutre et peine à donner du rythme à l'ensemble, puisque seules les scènes musicales seront vraiment dynamiques.
Donc, ce "Murder rock" pourra éventuellement se suivre d'un oeil distrait, mais devrait par son marasme rapidement calmer les ardeurs des amateurs du Fulci de la grande époque !
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