A l'origine de ce "Feast", il y a l'émission de télé-réalité américaine "Project greenlight", parrainée par Matt Damon et Ben Affleck, permettant aux téléspectateurs de suivre toutes les étapes d'un tournage, et qui, pour sa troisième saison, décida de s'attaquer au film de genre. Malgré un développement parfois houleux, le résultat est plus que satisfaisant pour un métrage bien délirant et sanglant, se jouant avec un respect humble des codes du genre.
Le script enferme quelques clients d'un bar minable perdu dans le désert pour une longue nuit au cours de laquelle ils vont devoir affronter des créatures aussi féroces que désireuses de se délecter de chair humaine.
Le métrage lance directement son action en nous présentant ses différents personnages, de manière certes humoristique en indiquant par écrit leurs caractéristiques et voir même leur espérance de vie, mais qui va induire une barrière émotionnelle distanciatrice entre eux et le spectateur, réduisant à néant toute identification et tout attachement. C'est ainsi que nous découvrirons les différents clients de ce bar typique au travers d'une galerie de portraits tous plus stéréotypés les uns que les autres, mais délivrée avec un humour décalé un brin salace, qui vont être distraits de leur occupations favorites par l'irruption d'un homme se disant poursuivi par des créatures plus que dangereuses, comme va rapidement pouvoir s'en rendre compte la petite assemblée qui va subir une première attaque aussi surprenante que sanglante.
Ensuite, l'intrigue se lancera dans un huit-clos d'apparence très classique, avec l'obligatoire obturation des portes et fenêtres pour empêcher l'ennemi d'entrer et des assauts sporadiques débouchant régulièrement sur des carnages toujours gores, et ce sera du côté des différentes situations développées et des relations entre ces personnages plus débiles les uns que les autres qu'il faudra chercher l'originalité qui rendra l'ensemble jouissif et débridé.
En effet, à partir d'un script trouvant son inspiration aussi bien dans "Une nuit en enfer" que dans "La nuit des morts-vivants" pour l'aspect "huit-clos", le réalisateur va imposer une intrigue pleine de rebondissements savamment dosés amenant un rythme vif et sans aucun temps morts, parvenant même à délivrer quelques instants de suspense maîtrisés bien que convenus, tout en se livrant régulièrement à un détournement des codes du genre délicieux tout en étant respectueux qui aura largement de quoi étonner et faire sourire le spectateur habitué du genre.
Comme dans tout "huit-clos" qui se respecte, au-delà même de la menace extérieure, ce seront les différents protagonistes qui seront mis en avant, et ici ce sera avec un comique délibérément sarcastique que les personnalités stupides, pleutres ou faussement emphatique s'exprimeront dans un mélange détonant et savoureux.
Mais pour autant, les créatures ne seront pas reléguée au second plan, puisque celles-ci séviront bien souvent, dans un déluge d'effets sanglants volontaires qui trouvera son apothéose lors d'un final ébouriffant, alors ces monstres au graphisme très visuel nous offriront également quelques moments de pur délire ( en s'accouplant furieusement avec la tête d'un cerf empaillée trônant sur un mur en trophée de chasse, par exemple ).
Mais le métrage ira encore plus loin pour satisfaire son spectateur et ne reculera pas devant quelques détails bien répugnant, comme cette créature qui vomira une abondante bave verdâtre sur l'un des personnages les plus idiots, pour qu'ensuite ce même bougre se retrouve assujetti à des asticots suintant entre autres de sa plaie au visage résultant de la perte d'un oeil.
L'interprétation est convaincante dans une caricature évidente et parfois même abusive, alors que la mise en scène du réalisateur est vive, dynamique, même si après les quelques effets de style de l'introduction, elle deviendra plus classique.
Les effets spéciaux sont probants, volontaires et efficaces dans un gore franc et jubilatoire pour des mutilations variées, tandis que les créatures auront un graphisme démonstratif.
Donc, ce "Feast" s'avérera être une très agréable série B à l'ancienne, survitaminée et jouissive, compensant ainsi plus que largement le manque d'originalité de son intrigue de base !
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