L'ange exterminateur :
Avant-dernier film du grand cinéaste espagnol Luis Buñuel dans sa période mexicaine, L'ange exterminateur (1963), constitue l'un de ses films les plus radicaux et les plus étranges. Véritable attaque en règle contre la bourgeoisie (on peut d'ailleurs rapprocher le film au charme discret de la bourgeoisie), le film débute en montrant dans une sorte de villa les différents échelons sociaux. Le film commence avec des plans sur les serviteurs puis on voit le majordome et enfin les maîtres. Dans un Mexique contemporain de l'époque où il est tourné, L'ange exterminateur est un véritable huit-clos. Il montre des bourgeois qui mangent des mets raffinés, qui écoutent de la musique au piano mais qui surtout ont des discours futiles qui ne sont jamais aboutis. Luis Buñuel dresse le portrait de personnes qui sont avant tout intéressés par le paraître. Ces bourgeois répètent souvent les mêmes choses : on a affaire à un monde rigide et conservateur, significatif des codes bourgeois. Ces bourgeois se retrouvent par ailleurs assez vite fatigués. Un élément fondamental a lieu dans le film lorsque le majordome refuse d'exécuter des ordres et que l'orage gronde. Les bourgeois se retrouvent alors complètement isolés dans ce lieu-clos, incapables d'en sortir. Par son filmage en plans-séquences, le réalisateur évoque l'incapacité à réagir et l'inertie de ces bourgeois. On dirait en outre qu'une force (l'ange exterminateur) empêche ces personnes de sortir. La situation peut paraître étrange et absurde. L'heure qui remonte le temps est une métaphore de la régression des bourgeois, le symbole de leur déchéance. La demeure part en ruines, tout autant que ses habitants. Les personnages sont en fait figés dans le plan. Rien n'évolue. La fin du film marque un retour au point de départ et une attaque en règle contre le clergé. Au final, L'ange exterminateur est une critique féroce de la bourgeoisie avec un humour noir caractéristique de Luis Buñuel.
10/10
Simon du désert :
Dernier film du grand cinéaste espagnol Luis Buñuel dans sa période mexicaine, Simon du désert (1965) constitue une grosse destinée à se moquer de la religion catholique. A l'inverse de L'ange exterminateur, on a quaisment droit qu'à des plans d'extérieur (le fameux désert). On retrouve un personnage, Simon, qui est vu comme une sorte de réincarnation de Jésus. Luis Buñuel n'a évidemment pas choisi le prénom du principal protagoniste par hasard : Simon est l'un des apôtres de Jésus à qui ce dernier a donné le prénom de Pierre et surtout à qui il a demandé de veiller sur l'Eglise après lui. Sauf que le Simon de Luis Buñuel apparaît comme un véritable pantin : le film démarre alors qu'on apprend que Simon est resté àn méditer au même endroit pendant 6 ans, 6 mois et 6 jours (le nombre correspondant à celui du diable). Simon a des attitudes grotesques : il fait la leçon aux prêtres venus l'observer, il réalise un miracle en deux temps trois mouvements, il invoque Dieu et se met subitement à dire : « J'ai oublié la fin ». Le reste des personnages et des événéments du film est tout aussi décalé. On voit un jeune prêtre qui se rend vers Simon en sautillant. Les visions de Simon sont également assez spéciales : il se voit en rêve dans une relation quasi incestueuse avec sa mère ; le diable lui apparaît sous les traits d'une femme qui n'a de cesse de lui montrer son physique. Devant l'absurdité de la pénitence et des louanges de Simon qui font bidon (« les bénédictions, c'est une sainte occupation, c'est amusant », dit-il), le personnage principal du film ressemble à un vrai bouffon. Luis Buñuel en remet une couche à la fin en transposant son héros à l'époque actuelle. Simon a l'air complètement désabusé et paumé en voyant des gens qui dansent (période des yé-yé). Simon du désert (qui dure 43 minutes) n'est certainement pas l'oeuvre maîtresse de Luis Buñuel. Cependant, c'est un métrage qui critique assez férocement, mais de manière ironique, la religion catholique.
9/10
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