Réalisé en 1971 par le cinéaste français Louis Malle, Le souffle au cœur a de nouveau fait scandale, après celui suscité par ses célèbres Les amants.
Le film traite en effet d’un rapport incestueux entre le jeune Laurent Chevalier, âgé de 15 ans, et sa mère d’origine italienne (interprétée tout en finesse par Léa Massari).
Mais Louis Malle, loin d’une quelconque provocation, offre une œuvre d’une grande sensibilité, jamais complaisante ou vulgaire. Par ailleurs, ce sujet lui permet également d’aborder d’autres thèmes chers au cinéaste, comme l’adolescence et la critique de la bourgeoisie.
Le souffle au cœur est scindé en deux parties : la première partie est une chronique provinciale où le style naturaliste de Malle fait merveille, tandis que la seconde est beaucoup plus étrange, se concentrant sur la relation entre Laurent et sa mère, dans une sorte d’espace-temps purement cinématographique, à l’opposé du réalisme de la première partie.
Cependant, ces deux parties sont liées par le thème de l’apprentissage ou plutôt des apprentissages : celui des idées, celui de la sexualité ou celui encore des sentiments.
Et la fameuse scène d’inceste, traitée très sobrement, n’a pas tant d’importance que ça, puisqu’elle est diluée entre le dépucelage de Laurent par une prostituée et sa relation à la fin du film avec sa camarade de classe.
Malle dépsychologise d’ailleurs complètement la relation incestueuse, qui n’a finalement aucune conséquence sur Laurent, pas même au niveau familial.
Dépourvu de la moindre obscénité, Le souffle au cœur est le récit du passage à l’âge adulte d’un adolescent né au sein d’une famille bourgeoise mais qui s’ennuie du milieu bourgeois. L’inceste avec sa mère, c’est aussi la transgression de ce milieu qui l’ennuie profondément, mais Malle le filme d’une manière si évanescente qu’on peut même se demander s’il a eu vraiment lieu ou si Laurent l’a fantasmé.
Au final, Le souffle au cœur est l’un des films les plus attachants de son auteur. C’est aussi l’un des plus optimistes, malgré le côté scabreux de son sujet (mais que Malle ne traite jamais scabreusement).
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