Réalisé en 1975 par le grand cinéaste français François Truffaut, auteur-culte de la nouvelle vague française, réalisateur d‘œuvres aussi admirables que Les 400 coups, La peau douce ou encore La sirène du Mississippi, L’histoire d’Adèle H. raconte une histoire d’amour à sens unique.
D’une grande sensibilité mais aussi très cruel, ce film offre à Isabelle Adjani l’un des ses plus beaux rôles : la fille de Victor Hugo. Amoureuse obsessionnelle d’un lieutenant de hussards, Albert Pinson (Bruce Robinson, futur réalisateur du thriller Jennifer 8 avec Andy Garcia) qu’elle considère comme son fiancé, Adèle se fait repousser par ce dernier et rumine sa vengeance.
Film peu aimable qui distille un malaise constant, L’histoire d’Adèle H. narre la déchéance d’Adèle et son amour non partagé qui la conduit aux confins de la folie. On peut d’ailleurs faire facilement le rapprochement entre Pinson et le père d’Adèle, Victor Hugo (qui lui a préféré sa sœur) : tous les deux ne veulent pas d’elle, alors qu’elle s’accroche désespérément à eux. Marquée par une absence d’amour terrible, Adèle est pourtant prête à en donner. Elle fait donc un transfert de son père à Pinson, mais ce qui la fait souffrir est bel et bien le rejet de son père, qui se retrouve en fait dans le rejet que Pinson a pour elle. Par rapport à cette situation désastreuse, Adèle parvient à survivre grâce à son imagination fertile qui se retrouvera pourtant progressivement gangrenée par la folie, folie qui signifiera sa fin. L’histoire d’Adèle H. est donc aussi un film sur la perte du réel, ce réel qui ne veut pas d’Adèle. Dans l’univers qu’elle s’est fomentée, où elle est transie d’amour pour Pinson, Adèle ne se fie plus qu’à son imaginaire.
Au final, L’histoire d’Adèle H. est une œuvre sombre et pessimiste de Truffaut, qui annonce déjà la noirceur insondable de son plus beau film, La chambre verte, qu’il tournera en 1978. Indispensable.
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