Second opus de Guillaume Nicloux, Cette femme là poursuit la trilogie initialisée par Une affaire privée. Après un thierry Lhermitte méconnaissable, c'est au tour de Josiane Balasko d'entrer dans l'univers de Nicloux qui semble avoir de grandes facilités dans cet exercice périlleux, car l'actrice est littéralement transcendée. Nicloux affirme ici encore plus sa personnalité et se montre orfèvre dans l'art de créer des atmosphères sombres et pesantes. Ici, le moindre plan suinte l'angoisse et la mort, l'ambiance est délétère à souhait. Tout humour a disparu pour laisser place à une ambiance mortifère et dépressive à souhait. Très vite, le spectateur se rendra compte que l'enquête n'est qu'un prétexte.
Le véritable enjeu étant de découvrir la vérité sur ce qui accable si bien Michelle Varin (interprétée par Josiane Balasko), commaissaire névrosé depuis le décès de son fils unique, dont le deuil ne semble pas avoir été fait. Vivant en recluse et s'appliquant à la réalisation de puzzle, une passion toute métaphorique sur sa profession et sur le chemin qu'il lui reste à faire pour accepter la vérité sur la mort de son fils. Nicloux écrivain de son état, passé à la réalisation à l'occasion d'une adaptation de l'un de ses personnages Le poulpe, lors de ses premiers pas cinématographiques, s'affirme comme un fin connaisseur du cinéma, puisqu'il distille dans Cette femme là une atmosphère parfois proche du giallo par son esthétique très soignée, et par le côté labyrintique de sa construction.
Le film entraine la femme commissaire dans une enquête qui débouche sur une quête de soi. Contrairement à une affaire privée, profondément ancré dans la réalité, et filmé de manière crue, presque documentarisé, Cette femme là est onirique et dépeind les méandres de l'âme humaine, ce qui ne fait qu'accroître sa parenté avec les gialli.
Au final, le film s'avère des plus passionnant, et aussi le plus sombre et claustrophobique de Nicloux à ce jour.
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