Tiré de la nouvelle du marquis de Sade intitulée Eugénie de Franval et réalisé en 1970, Eugénie de Sade est assurément l’un des meilleurs films de Jess Franco.
Retranscrivant la trame du roman à l’époque contemporaine, Franco décrit de manière assez fouillée la relation trouble mâtinée d’inceste qui s’établit entre un homme (brillamment interprété par Paul Muller, un des acteurs fétiches de Franco) et sa fille Eugénie (la sublime Soledad Miranda, muse de Franco à l’époque, que l’on a pu voir dans les incroyables Vampyros lesbos, She killed in ecsatsy ou encore The devil came from Akasava). Le caractère pervers du père entraîne sa fille dans une spirale meurtrière qsui ne peut s’arrêter. Troublant et sadique, Eugénie de Sade baigne dans une atmosphère évanescente et ambiguë, à la limite de l’onirisme et qui pourrait représenter l’univers mental d’Eugénie.
Illuminé par la présence extrêmement sensuelle de Soledad Miranda, Eugénie de Sade est imprégné d’un érotisme étrange et omniprésent (mélange de sexe et de mort) typique de Franco, qui explose dans les liens qui unissent Eugénie à son père.
Rythmé par le score somptueux de Bruno Nicolai, le film est une étonnante curiosité, qui démontre le talent de Franco pour les ambiances érotiques troubles.
C’est assurément une des œuvres les plus réussies et les plus atmosphériques du cinéaste espagnol, qui prouve que Franco est capable de faire preuve de finesse et de subtilité et qu’il n’est pas toujours le bisseux pour lequel ceux qui ne connaissent pas son œuvre essaient de le faire passer.
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