Un pistolet pour Ringo :
Suite au succès planétaire du génial Pour une poignée de dollars de Sergio Leone, les producteurs italiens s’engouffrent dans les westerns et en produisent à la chaîne. De ces très nombreux westerns produits (dont la qualité est loin d’être toujours au rendez-vous) émergent quelques petites perles, dont ce Pistolet pour Ringo de l’excellent Duccio Tessari, réalisateur entre autres de Big guns, L’homme sans mémoire ou encore Les titans. Ce film, premier d’un diptyque de Tessari, introduit le, personnage de Ringo ou Angel face, jeune homme sympathique et érudit (il cite souvent Shakespeare) qui est aussi un redoutable tireur, campé par l’angélique Giuliano Gemma dans l’un de ses premiers grand rôle. Le ton du film est joyeux et détendu (Ringo n’est jamais avare de bons mots), ce qui tranche avec les westerns notamment de Leone. Ce qui n’empêche Tessari de livrer un métrage efficace, mélange détonnant d’humour et d’aventures, et doté d’un très bon suspens, avec quelques touches de tendresse çà et là (par exemple la relation amoureuse qui naît entre le propriétaire du ranch et la bandit mexicaine). Bref, un western italien drôle, rythmé et rondement mené, doté d’une très belle bande-son signée Ennio Morricone.
8/10
Avec Django la mort est là :
Datant de 1968, ce western italien est réalisé par le grand Antonio Margheriti, spécialiste du cinéma fantastique gothique et auteur notamment des classiques que sont Danse macabre, La sorcière sanglante ou encore La vierge de Nuremberg. Partant d’une histoire classique de vengeance, Avec Django, la mort est là est surtout très marquant par son ambiance baroque, à la lisière du fantastique, qui devient de plus en plus lourde, pour culminer dans une extraordinaire séquence finale, où le héros (interprété par Richard Harrison, star du film d’aventures et du peplum) se retrouve avec le méchant dans une caverne sombre et souterraine, pleine de passages-secrets, typique du cinéma gothique. S ‘éloignant des clichés du western-spaghetti, Margheriti signe un très curieux western baroque, qui doit plus au cinéma d’aventures et au cinéma gothique, même si le sadisme cher au western italien (mais aussi au cinéma gothique, aux gialli et aux films d’épouvante) est toujours là (comme dans l’époustouflante scène d’ouverture). Le cinéaste ira encore plus loin dans son fameux western, Et le vent apporta la violence, monument du genre. A noter que Clint Eastwood s’est vraisemblablement inspiré des westerns baroques de Margheriti pour les magnifiques L’homme des hautes plaines et Pale rider.
8/10
Pas de pitié pour les salopards :
Réalisé en 1968 par Giorgio Stegani, Pas de pitié pour les salopards se démarque du western-spaghetti et lorgne plus vers le classicisme du western américain. Un jeune ingénieur interprété par Antonio Sabato (le héros de l’intéressant giallo d’Umberto Lenzi, Le tueur à l’orchidée) arrive dans une ville minière de l’ouest et rencontre un vagabond un peu voleur joué par l’excellent Lee Van Cleef, tronche du western italien. Les deux hommes vont devoir faire face à un dangereux hors-la-loi qui veut s’emparer de l’argent de la mine. Sur une trame des plus classiques, Stegani concocte un western au ton détendu et humoristique, loin des films de Leone ou Corbucci, mais aussi des pantalonnades avec Terence Hill et Bud Spencer (qui apparaît d’ailleurs dans ce film, sans sa barbe), mais qui va glisser lentement vers la tragédie, une tragédie qui va mettre à rude épreuve l’amitié de Lee Van Cleef avec ses deux inséparables acolytes : un noir joueur d’harmonica et un sympathique prêcheur interprété par Lionel Stander (le Max de la fameuse série Pour l’amour du risque), Van Cleef devant faire un choix douloureux entre l’honnêteté et l’argent, mais aussi entre l’application de la loi et l’amitié. Dans un plan final magnifiquement ambigu, Stegani laisse le spectateur trancher. Un beau western italien méconnu.
8/10
Le retour de Ringo :
Cette suite du sympathique Un pistolet pour Ringo, toujours réalisé par l’impeccable Duccio Tessari et reprenant les mêmes acteurs dans un autre rôle (sauf Ringo), dépasse le premier film consacré au personnage de Ringo. Tessari opte ici pour un ton sombre et désespéré, à l’opposé du ton détendu et humoristique du premier film. Ringo, toujours interprété par Giuliano Gemma, revient après la guerre de Sécession dans son village natal et découvre que des bandits mexicains y font régner la terreur. Pire, il voit sa femme et sa fille au bras d’un bandit mexicain et découvre qu’il est soi-disant mort à la guerre. Magnifiquement mis en scène par Tessari, cet opus dénué du moindre humour est une relecture passionnante du mythe d’Ulysse, où Ringo, par le biais d’astuces et de ruses, va devoir reconquérir sa femme et récupérer sa fille dans un monde sans foi ni loi dominé par le règne de la terreur. Bercé par une sublime partition mélancolique d’Ennio Morricone, Le retour de Ringo est un complément indispensable à Un pistolet pour Ringo, puisqu’il en prend le contrepied. Bref, c’est un western italien sombre et pessimiste et sans nul doute l’un des meilleurs westerns-spaghetti produits en Italie.
9/10
Le dernier jour de la colère :
Ce deuxième western signé par Tonino Valerii, réalisateur des célèbres spaghetti-westerns Une raison pour vivre une raison pour mourir et Mon nom est Personne (son film le plus connu) et du fameux giallo Folie meurtrière (Mio caro assassino), en outre assistant de l’immense Sergio Leone, est déjà une réussite incontestable du genre. Habile mélange de psychologie et d’action, Le dernier jour de la colère décrit avec minutie la relation qui s’établit entre un jeune bâtard devenu le souffre-douleur de la communauté (un excellent Giuliano Gemma) et un redoutable pistolero dont les volontés sont ambiguës (Lee Van Cleef, parfait). Valerii s’attarde beaucoup sur les rapports entre ces deux hommes, notamment le lien presque filial qui les unit, et en fait le cœur du film, ce qui en décuple la portée. Le suspens est magnifiquement entretenu, les scènes d’action inventives (comme ce fameux duel à fusil et à cheval) et efficaces, jusqu’à arriver à la tragédie qui va faire dégénérer les relations entre Gemma et Van Cleef. Fable initiatique qui annonce déjà les magnifiques westerns politiques et psychologiques de Sergio Sollima (les sublimes Colorado, Le dernier face-à-face et Saludos Hombre), Le dernier jour de la colère est une réussite majeure du western italien. Valerii atteindra son sommet un peu plus tard, dans le sublime Mon nom est Personne, western humoristique, mélancolique et crépusculaire qui chante la fin des légendes et la mort du western.
9/10
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