Réalisé en 1956 par le grand cinéaste de genre japonais Inoshiro Honda, spécialistes des kaiju eigas (films de monstre japonais), après le colossal succès de Godzilla (également réalisé par Honda), Rodan est le premier kaiju eiga en couleurs.
Si les effets spéciaux sont aujourd’hui très datés (on distingue nettement les maquettes) et un peu kitsch, le film dégage un charme naïf fort réjouissant.
Rodan est un gigantesque ptéranodon, né (comme Godzilla) des essais nucléaires. Mais Honda, s’il réalise un vrai film de monstre, n’oublie pas d’insérer son film dans un contexte précis. A cet égard, les premières scènes, qui décrivent le travail quotidien des mineurs, frappent par leur réalisme documentaire, montrant la dureté et la dangerosité de ce type de travail. Très efficacement mis en scène par Honda, Rodan maintient un suspense fort prenant qui se permet même un hommage via ses insectes géants au célèbre Des monstres attaquent la ville de Gordon Douglas. Honda joue d’ailleurs habilement des perspectives et des tailles, ce qui donne au métrage un aspect poétique proche des films de Jack Arnold comme L’homme qui rétrécit. Les scènes de destructions massives restent très spectaculaires et procurent un plaisir kitsch très sympathique. Quelle joie de voir ces maquettes exploser, ces tanks miniatures tirer dans tous les sens !
Mais surtout, Honda s’intéresse aux rapports de l’homme avec la nature, cette Nature trop grande pour lui qu’il croit pouvoir maîtriser mais qui n’y parvient jamais totalement. Et il démontre que seule la Nature peut avoir raison de la Nature dans un final très poétique.
En somme, Rodan est un film qui plaira aux amateurs de kaiju eigas. S’il est un peu daté aujourd’hui, il possède toujours un charme désuet fort plaisant.
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