Réalisé en 1978 par le grand Brian De Palma, auteur des cultes Phantom of the paradise ou Scarface, Furie est le deuxième volet d’un dyptique que le cinéaste américain a voulu consacrer à la télékinésie et à la télépathie, le premier volet étant l’incontournable Carrie au bal du diable, du même De Palma. De Palma livre une œuvre lancinante, mystérieuse et très différente de son Carrie, bien que les thèmes des deux films soient très proches. Magistralement mis en scène (comme toujours chez De Palma), Furie est le portrait émouvant d’une jeune fille prénommée Gillian (interprétée par la belle Amy Irving, compagne à l’époque du cinéaste, pour lequel elle a déjà joué le rôle de Sue Snell dans Carrie), aux dons télépathiques incontrôlables, mal dans sa peau car souffrant de sa différence. C’est aussi le touchant parcours d’un agent secret américain, Peter (le grand Kirk Douglas), qui recherche sans répit son fils (qui possède aussi des pouvoirs télépathiques) enlevé par le responsable d’une organisation secrète, Childress (joué par un impressionnant John Cassavetes).
Métaphore d’une jeunesse fragile livrée à elle-même tout en étant un véritable plaidoyer pour la différence, Furie est un thriller fantastique passionnant, qui permet à De Palma de traiter d’un sujet qui l’a toujours intéressé : la dualité de chaque chose. Car le don de Gillian est exceptionnel, c’est un cadeau du ciel, une chance extraordinaire, mais ce don est aussi une calamité pour elle, cause de souffrance et de rejet. C’est enfin une arme redoutable, qui entre de mauvaises mains, peut provoquer la destruction et la mort. De Palma en profite aussi pour pointer du doigt toutes les organisations secrètes américaines, uniquement motivées par le pouvoir. Le cinéaste américain garde tout au long du film un suspense constant et multiplie les séquences virtuoses, pour aboutir à une scène finale d’anthologie, définitivement culte.
Furie est un des films de De Palma les plus directement jouissifs, que je ne peux que recommander aux amateurs du cinéaste. Même aux autres, d’ailleurs !
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