Réalisé en 1986 par l’intéressant cinéaste américain Rob Reiner, auteur de l’excellente comédie romantique Quand Harry rencontre Sally et du délirant Spinal Tap, Stand by me est l’adaptation très fidèle d’une nouvelle non fantastique et quasi-autobiographique de Stephen King intitulée The body.
Le film traite avec une infinie délicatesse de l’enfance, sans jamais sombrer dans la caricature. Les quatre jeunes héros, magnifiquement interprétés (notamment Chris et Gordie, les deux principaux personnages, incarnés avec une grande justesse respectivement par le regretté River Phoenix et Wil Wheaton), semblent vrais, loin des enfants naïfs et innocents souvent présent dans les films.
Rob Reiner les décrit dans toute leur complexité et s’intéresse particulièrement à leurs états d’âme. Entre des parents absents ou battant leurs enfants, le tableau est peu reluisant, laissant les enfants livrés à eux-mêmes.
Stand by me recrée avec bonheur l’atmosphère d’un petit village rural américain des années 1950. Comme le constate amèrement le jeune garçon interprété par River Phoenix, il est né ici et sait qu’il ne pourra jamais partir. Ce côté fataliste donne un cachet très émouvant au film, rendant les personnages d’autant plus touchants.
Car face à cette fatalité, l’amitié que se portent les quatre amis est sans faille (surtout celle entre Gordie et Chris) et leur permet de subsister, voire d’être heureux. Toutes les scènes où les quatre copains déambulent dans la forêt sont auréolées d’une admirable mélancolie, leur permettant d’oublier un moment la tristesse de leur existence.
Mais le film de Reiner dépasse le simple film nostalgique en confrontant les amis à la mort, représentée par ce fameux corps qu’ils veulent découvrir. Cette mort qui est la fin de tout, l’ultime stade de l’homme, Gordie et Chris ne la veulent pas tout de suite.
En contemplant la mort en face, Gordie et Chris (les deux personnages les plus sensibles) entrent définitivement dans l’âge adulte. C’est la fin de l’innocence, le début de la maturité et de la prise des décisions déterminantes. C’est aussi le début des combats pour la vie…
Stand by me est en fait un immense flashback : la première scène montre un écrivain (joué par le grand Richard Dreyfuss) qui apprend la mort accidentelle d’un avocat. Mais le spectateur comprend que cet écrivain, c’est Gordie, c’est aussi Stephen King lui-même. Que l’avocat décédé, c’est Chris… Ces souvenirs qui reviennent dans l’esprit de Gordie lui donnent finalement la force de les écrire, à la mémoire de Chris, fermant le film de Reiner dans un ultime hommage à l’amitié.
Assurément, Stand by me, rythmé par la célèbre chanson de Ben E. King, est l’un des plus beaux films de Rob Reiner (qui a aussi adapté 4 ans plus tard avec succès Misery) en même temps qu’une des meilleures adaptations de Stephen King, à ne manquer sous aucun prétexte.
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