Reprenant assez fidèlement l'ouvrage de George Orwell, le 1984 de Michael Radford (qui a d'ailleurs été tourné en 1984, à Londres et dans des lieux correspondants à ce qu'en a décrit Orwell) est certes une oeuvre de science-fiction mais avant tout une oeuvre politique majeure. Ecrit par Orwell en 1949 (donc peu de temps après la seconde guerre mondiale), 1984 décrit de manière détaillée un régime totalitaire où la liberté n'est plus de mise et où les gens n'ont plus aucune marge de manoeuvre. Tout sentiment est annihilé et les gens doivent fonctionner pour le fameux Big Brother et même n'aimer que lui. L'asservissement est total : Big Brother qui observe tout un chacun est en tout état de cause omniprésent par le biais de ces téléécrans, lesquels diffusent des informations de propagande (notamment cette soi-disante faction ennemie, laquelle est toujours différente) en permanence. La première scène du film où toutes les personnes qui travaillent pour les ministères de cet Etat totalitaire répètent les mêmes choses à l'unisson est très clair. Tout comme le fait de vouloir réduire au niveau du dictionnaire le nombre de mots : on est proche sur ce point de Fahrenheit 451. L'acteur principal du film, John Hurt, qui tente de résister en conservant son propre mode de pensée et en se permettant d'aimer une femme est d'ailleurs lui-même observé puis torturé afin d'être maté. Le dernier tiers du film est de ce point de vue particulièrement difficile à regarder, tant les supplices infligés au personnage de Smith (joué par John Hurt) sont horribles, aussi bien d'un point de vue physique que moral ; à cet égard, le personnage joué par Richard Burton est terrifiant. Ce dernier tente de détruire l'Humain qui est en chacun de nous, comme le prouvent les différents credos de ce système totalitaire : « la guerre c'est la paix » ; « la liberté c'est l'escalavage » ; l'ignorance c'est la force ». Au final, le film est sans concession, particulièrement effrayant (mais malheureusement de plus en plus actuel dans sa thématique comme le prouve par exemple la politique extérieure des Etats-Unis) et tourné dans une sorte de sépia (au niveau de la couleur) et dans des décors délabrés qui ajoutent au côté dépressif du film. Un film excellent et très instructif, qu'il est souhaitable de voir, même s'il est loin d'être aimable.
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