Deuxième long-métrage des frères Stephen et Timothy Quay, après des courts-métrages très remarqués et l’impressionnant Institut Benjamenta, réalisé en 2005 et financé par des capitaux anglais, allemand et français, L’accordeur de tremblements de terre confirme le talent des deux frères d’origine américaine.
Histoire d’amour tragique et surréaliste, le film des frères Quay bénéficie d’une esthétique très travaillée, où chaque plan devient un véritable tableau visuel, emportant le spectateur aux confins du rêve et de l’imaginaire, dans un monde peuplé d’humains et d’automates.
Les prises de vue réelles sont couplées à des techniques d’animation, contribuant à créer de toute pièce un univers insolite, fermé, qui est aussi la représentation de l’âme du docteur Emmanuel Droz, qui a enlevé et maintenu par amour dans un état de mort apparente la belle cantatrice Malvina Van Stille (jouée par superbe Amira Casar).
Constamment inventif et original, souvent déroutant et perdant le spectateur dans les méandres de l’inconscient, L’accordeur de tremblements de terre est aussi une réflexion sur le temps qui passe et la puissance phénoménale de l’instant.
Les frères Quay déploient leurs comédiens dans des décors de poupées, donnant progressivement l’impression que le monde des automates va s’immiscer dans celui des humains et vice-versa. Il en résulte une impression fortement insolite, où le spectateur perd totalement ses repères et ne sait plus où il est.
Dans une structure en boucle, flottante et aérienne, les frères Quay créent un nouvel espace-temps, où tout devient possible, où les automates prennent vie et où les humains semblent morts.
Macabre et romantique, visuellement splendide, L’accordeur de tremblements de terre est un film fascinant qui démontre tout le talent des frères Quay. C’est une véritable œuvre d’art, avant-gardiste et incroyablement stimulante, qui laisse le spectateur libre de penser ce qu’il veut en décryptant les images qu’il reçoit. Un film à découvrir absolument, mais qui n’est pas forcément très accessible et qui mérite plusieurs visions afin d’en déceler toute la richesse et la beauté.
|