Réalisé en 1966 par Elio Petri (auteur par la suite de films très engagés politiquement), La dixième victime est un film à part dans sa filmographie. En effet, si le contexte socio-politique est bien posé, on est tout de même avant tout dans une pure oeuvre des années 60 avec des habits bien voyants et "tendance" de l'époque mais aussi avec des décors assez étranges, également représentatifs de cette époque. Quant au sujet, il s'agit d'une variation des chasses du comte Zaroff, où l'on voit des personnages à qui l'on lance sur l'ensemble de la planète des défis : soit la personne est le chasseur, soit elle est la victime. Celui qui disposera de 10 victimes à son tableau de chasse obtiendra un million de dollars. Si le film est aussi bien dans le filmage que par sa musique (très easy listening) représentatif des années 60; Elio Petri n'en n'oublie pas pour autant de fustiger une société où le maître mot est l'argent et où la morale est à géométrie variable. Notons que les deux personnages principaux, joués par Marcello Mastroianni et Ursula Andress, sont respectivement la victime et le chasseur. On suit avec intérêt le jeu de dupes qui s'établit entre les deux, d'autant que ces personnages semblent s'apprécier. La fin du film, qui va de rebondissements et rebondissements, est tout à la fois drôle et cynique. Elio Petri fustige la morale de ses personnages mais également la télévision à la recherche du sensationnel (on peut dire d'ailleurs que sur ce point Elio Petri est très en avance sur son temps). Au final, bien que partant dans tous le sens, La dixième victime est un film à voir.
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