Auteur des incroyables Archangel, Careful ou encore The saddest music of the world, Guy Maddin est un cinéaste canadien totalement atypique, fasciné par la pureté du cinéma muet.
Dans Et les lâches s’agenouillent.., Maddin se livre à une autobiographie fantasmée, dans un noir et blanc expressionniste superbe. Dans un récit touffu, délirant, irracontable, le cinéaste laisse libre cours à son imagination débridée, se permettant toutes les folies.
Admirable poème visuel et surréaliste, Et les lâches s’agenouillent.. possède une énergie interne fascinante. Chaque plan est magnifiquement travaillé, éclairé, Maddin utilisant même parfois des teintes bleutées. Tout le film prend son sens par le biais d’un montage très élaboré utilisant les transparences, les raccords biscornus, l’effet Koulechov, … afin de secouer le spectateur perdu dans les méandres d’un récit troué et lacunaire.
D’une durée d’environ 1 heure, ce film muet (avec intertitres !) est d’une folle inventivité. Relecture originale du mythe d’Electre, Et les lâches s’agenouillent… est totalement imprévisible, mais doté d’une symbolique très prononcée. Influencé par le Nosferatu de Murnau, La bête à cinq doigts de Robert Florey, La main du diable de Maurice Tourneur ou encore Les mains d’Orlac de Siodmak, le film multiplie les cadrages saugrenus et emmène le spectateur dans une fantasmagorie onirique, parfois cauchemardesque, dont seul Maddin a le secret.
Par ailleurs, Et les lâches s’agenouillent… se révèle particulièrement tordu dans la progression de son intrigue chaotique qui passe d’un genre à l’autre avec une incroyable facilité : film de vengeance, film gothique, mélodrame, film d’horreur, film de fantômes, thriller psychanalytique, film érotique, …
Déroutant mais fascinant, Et les lâches s’agenouillent… est l’un des films les plus accessibles de Maddin. C’est assurément une œuvre d’art, qui constitue une entrée parfaite pour les curieux désireux de découvrir l’univers si particulier du cinéaste.
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