Dracula 73 est réalisé par Alan Gibson en 1972, comme son titre - français - ne l’indique pas. Ce dernier a en effet été adapté pour sa sortie française, en 1973, donc. Gibson est issu de la télévision, tout comme Peter Sasdy qui signa Une messe pour Dracula. On peut dire avec Dracula 73 qu’on touche le fond de la franchise : le scénario de Don Houghton est plus ou moins une copie de celui d’Une messe pour Dracula (des jeunes hippies, à la recherche de sensations fortes, vont participer à une messe noire pour réveiller les esprits malfaisants, en fait le vampire Dracula). Cependant, certains éléments attirent notre attention : premièrement, le retour de Peter Cushing dans le rôle de Van Helsing, qu’il n’avait pas tenu depuis le séminal Les maîtresses de Dracula, 12 ans auparavant.
La continuité par rapport aux films précédents de la franchise n’est plus respectée : on a droit en introduction à l’éternelle bagarre entre le vampire et Van Helsing, qui décèdent tous deux. Panoramique sur le ciel, et là, boum ! Un avion vient zébrer l’azur. D’où le deuxième aspect quelque peu original du métrage : la nouvelle aventure de Dracula se passe de nos jours (à l’époque où le film a été fait, bien sûr), ce qui amène son lot de menus changements… En premier lieu, la musique, délicieusement swinging London, et le décor bien sûr, qui contraste avec l’esthétique gothique propre à la Hammer Films. Les effets de ces modifications ont sûrement échappé à leurs créateurs, car on se croirait dès lors plus dans une version de Austin Powers contre Dracula que dans un vrai film Hammer. Il faut voir Dracula se démener pour pousuivre ses victimes sur une musique un peu jazzy, c’est vraiment spécial : le film peut d’ailleurs être perçu comme une parodie à bien des égards.
J’ai bien apprécié le spectacle, qui est finalement très drôle ; je serais peut-être le seul dans ce cas. Van Helsing, ou plutôt son aïeul, paraît hanté par la passé de sa lignée, faisant de Dracula une espèce de malédiction, voire un héritage familial qui passerait par les gènes : pourquoi pas ? Le casting féminin est aussi appréciable, et surprenant : on découvre ainsi dans une brève séquence Caroline Munro, qui jouera plus tard dans Starcrash, Maniac, et L’espion qui m’aimait. Elle avait auparavant été celle qui malgré elle déclenche la violence de son mari dans l’Abominable Docteur Phibes. Mais la Dracula Girl du film n’est autre que Stephanie Beacham, au demeurant fort sympathique.
Christopher aura décidément eu les dents longues pour jouer si longtemps ce personnage, que personne n’a su mieux endosser depuis d’ailleurs, même si Lee a sûrement pécher par sympathie plutôt que par soif d’argent. Il reste néanmoins des bons moments dans ce petit film, et si la peinture diabolique des hippies peu choquer (ils sont vus par les adultes comme des pré-punks, et leurs agissements en fait des caricatures), il faudra être indulgent pour se laisser porter par ce récit. Une fin de cycle pas comme on l’espérait, mais intéressante tout de même. La saga sera clôturée par un Dracula vit toujours à Londres, toujours réalisée par Alan Gibson.
|