C'est en privilégiant largement l'action que ce "Route 666" nous convient à un "road-movie" policier impliquant un élément fantastique assez classique mais démonstratif.
En effet, le script envoie sur une portion de route abandonnée et surtout hantée par les spectres de quatre forçats plusieurs agents fédéraux chargés de convoyer un témoin capital au procès d'un caïd de la mafia, poursuivis par un tueur désireux d'abattre ce témoin gênant.
C'est sans préambule que le métrage lance directement son action en nous présentant ses personnages principaux, deux agents fédéraux appréhendant un témoin en cavale dans un bar en se faisant passer pour un couple d'amoureux ivres, alors que trois tueurs débarquent également pour se débarrasser de ce comptable mafieux repenti.
Après une fusillade banale et sans ampleur, ils parviendront à prendre la fuite avec leur nouveau compagnon, épaulés par des collègues arrivés en renfort, mais poursuivis par le dernier tueur encore en vie, pour s'engager sur un tronçon de route fermé à la suite de nombreux incidents.
A cette mise en situation assez commune misant surtout sur ses personnages pour amuser le spectateur, notamment au travers de ce témoin black gouailleur et plus que bavard, viendra s'ajouter peu à peu un élément fantastique d'abord discret, s'exprimant grâce à des visions ressenties par le héros, avant que le métrage ne bascule brusquement, après plusieurs rebondissements anecdotiques mais jamais ennuyeux, lors d'une première apparition de ces quatre fantômes ressemblant à des zombies mal dégrossis mais au look quand même graphique.
Ensuite, l'intrigue continuera d'alterner ses situations héritées du cinéma d'action tout en s'efforçant de nous confier par bribes l'histoire de la malédiction entourant cette route, laissant ainsi survenir quelques révélations hasardeuses et faisant intervenir des coïncidences bien improbables qui n'aideront nullement l'ensemble à gagner en crédibilité.
Mais au-delà de ces développements surfaits, n'arrivant que rarement et surtout bien trop brièvement à installer un climat de tension, le métrage pourra s'appuyer sur ses personnages et sur un rythme constant pour garder l'intérêt de son spectateur.
Et même lorsque l'action semblera stagner quelque peu, dans l'attente d'un dernier acte nous livrant enfin toutes les clefs du mystère, les différents protagonistes parviendront à occuper l'écran avec suffisamment de prestance et d'humour pour rendre des dialogues d'apparence fades finalement plutôt savoureux et enjoués.
S'il ne viendra que tardivement occuper le terrain, l'élément fantastique, représenté par ces quatre fantômes grisâtres maniant aussi bien le marteau-piqueur que la pioche pour littéralement massacrer leurs victimes et les réduire littéralement en bouillie, sera expansif jusqu'à devenir probant, nous gratifiant même de quelques plans sanglants graphiques mais sans outrance ( la première victime, la main explosée dans la portière ) et s'inspirera de plusieurs mythes pour se créer une existence propre intéressante, même si le final restera prévisible et presque convenu.
L'interprétation est convaincante, composée de seconds rôles crédibles n'hésitant à se montrer référentiels et la mise en scène du réalisateur est dynamique et confère un aspect intrigant aux séquences mettant en scène les fantômes.
Les effets spéciaux sont globalement réussis, même si les spectres zombifiés n'offrent qu'un maquillage simpliste mais bizarrement graphique.
Donc, cette "Route 666" se suivra sans difficulté et arrivera même à se montrer parfois plaisante, mais ne laissera pas non plus un souvenir impérissable !
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