Malgré son titre alléchant, cette "Bête de la caverne hantée" versera hélas presque continuellement dans le "hors-sujet" pour ne mettre en scène la créature promise que dans un dernier acte vite expédié.
En effet, le script suit une bande de voyous au travers des préparatifs puis de l'exécution d'un vol de lingots d'or minutieusement préparé dans une station de ski, avant qu'ils ne prennent la fuite dans les montagnes où la fameuse bête du titre les attendra.
Après une présentation volontairement souriante et quelque peu décalée de ses personnages principaux dans cette station de ski en pleine saison hivernale, le métrage nous renseigne rapidement sur les intentions de ce petit groupe d'individus mal assortis, à savoir profiter d'une explosion volontaire dans une mine désaffectée pour cambrioler un dépôt d'or et prendre la fuite en compagnie d'un guide, sous prétexte de faire une randonnée jusqu'au refuge où un avion doit venir les chercher pour assurer leur fuite au Canada.
Même si cette mise en situation pourra sembler s'éterniser quelque peu, on pourra compter sur les différents personnages pour animer l'ensemble, et notamment cette jeune femme limite alcoolique complètement désabusée par sa vie avec le chef de bande qui fera presque pitié dans ses divagations et ses états d'âme, tout en installant une petite tension imprévue mais appréciable lorsqu'elle flirtera presque avec le guide montagnard, envenimant ainsi la situation.
Mais l'intrigue n'oubliera pas quand même d'avancer son monstre puisque c'est en allant poser les explosifs nécessaires à l'explosion de la mine voulue pour faire diversion qu'un des membres du groupe, accompagnée d'une jeune femme qui y restera, aura l'occasion d'apercevoir la créature, lors d'une scène peu graphique terriblement prévisible.
Ensuite, le métrage nous fera suivre le déroulement parfait du cambriolage et enverra tout son monde sur les hauteurs pour une excursion jusqu'au refuge uniquement perturbée par la peur de celui ayant vu la bête qui se sentira constamment épié et l''installation de groupe dans cette cabane isolée ne fera qu'accroître les tensions présentes, surtout qu'une tempête de neige viendra bouleverser les plans initialement prévus, et c'est au travers de quelques rebondissements évoluant essentiellement autour de la jeune femme qui ne laissera pas le guide insensible que le métrage prendra une tournure dramatique qui nuira par ailleurs au rythme en ne proposant quasiment qu'un assemblage de scène de dialogues, avant que la créature ne vienne enfin justifier le titre du film dans une dernière partie par quelque attaques rapides et que le final ne nous montre cette bête au grand jour lors d'une séquence bien trop courte et peu expansive.
Le réalisateur Monte Hellman, dont c'est ici le premier film sous l'égide de Roger Corman, s'intéressera bien plus à ses protagonistes qu'à une intrigue plus que basique pour nous livrer une galerie de personnages décalés, parfois même déjantés et flirtant avec la caricature sous couvert d'un humour délicieusement souriant qui accompagnera l'ensemble du film, l'amenant ainsi même quelquefois à la frontière de la parodie puisque même les séquences mettant en scène le monstre connaîtront des traits d'humour réussis ( l'attaque de la gouvernante ).
L'interprétation est cohérente, parsemée de surjouage imputables à la volonté comique affichée par l'auteur et la mise en scène est vive, dynamique, tout en restant quand même basique.
Les quelques effets spéciaux ne concerneront que cette créature extrêmement kitsch et bien peu crédible, renforçant de la sorte l'impression d'assister à une parodie, même si la "conservation" des victimes sera quant à elle bien plus probante et presque impressionnante, en anticipant le principe d'"Alien".
Donc, cette "Bête de la caverne hantée" aura de quoi déconcerter quelque peu par son intrigue mélangeant de manière pas toujours très efficace les genres, tout en comportant les stigmates des productions à petit budget de Roger Corman de l'époque, mais réussira par moments à amuser, même si les séquences d'action se feront rares au profit de dialogues pas toujours passionnants !
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