"Cry of the City" ("La Proie" pour les francophones) est un beau film noir signé Robert Siodmak, un des maîtres du genre.
Le film s'ouvre alors que Martin Rome, un gangster italo-américain, est entre la vie et la mort après avoir été blessé lors d'une fusillade au cours de laquelle il a abattu un policier. L'inspecteur Candella, qui le connaît bien pour avoir grandi dans le même quartier, le surveille.
C'est l'un des points forts du film que de nous présenter d'emblée le personnage du gangster en état de faiblesse, ce qui nous le rend immédiatement plus sympathique que le policier qui, droit dans ses bottes, attend de le livrer à la justice. Tout l'enjeu du film va alors tenir dans le basculement très progressif de notre attention et de notre sympathie vers le personnage de l'inspecteur.
Mais Siodmak ne nous rend pas la tâche aisée : le gangster interprété par Richard Conte a pour lui un charme et une décontraction proprement fascinants.
La mise en scène, géniale, nous fait suivre pas à pas la tentative de Martin Rome d'échapper à son destin. Par contraste avec les personnages interlopes qu'il croise sur sa route, on s'attache à lui, on souhaite qu'il s'en sorte, on va jusqu'à admirer le courage et l'intelligence de son plan.
Mais le coeur du film se déplace peu à peu, et c'est avec subtilité, par petites touches, que Siodmak parvient à nous faire douter de ses qualités humaines et nous faire préférer celui qui le pourchasse, apparemment sans pitié, jusqu'à la confrontation finale.
En chemin, Siodmak n'oublie pas de faire vivre la cité du titre, de nous rendre palpable le pouls de New York et de ses habitants, leur lot quotidien, dans un style quasi documentaire.
L'issue du film, englobant le destin d'une multitude de personnages, n'en est que plus poignante.
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