Avec "La queue du scorpion", le réalisateur italien Sergio Martino, spécialisé dans le cinéma "bis" sous toutes ses formes, nous livre certainement son meilleur film, et en tout cas un "Giallo" d'une efficacité exemplaire.
Le script place au centre de l'intrigue une somme d'un million de dollars d'une police d'assurances hérités par la jeune veuve d'un homme tué lors d'un accident d'avion. Mais lorsque celle-ci sera assassinée, l'enquête de l'agent dépêché sur place par la compagnie d'assurances, couplée à celle de la police, deviendra de plus en plus complexe, au fur et à mesure que d'autres meurtres viendront allonger la liste des victimes.
Après une introduction prenant rapidement le temps de nous présenter cette future veuve adultère, le métrage s'accommode des codes du genre, en mettant en scène des personnages troubles, aux intentions d'abord ambiguës, gravitant autour de cette héritière dont l'éventuelle implication dans l'accident dont fut victime son mari tiendra en haleine le spectateur durant cette première partie, avant que ce personnage ne soit victime d'une agression mortelle reprenant à son compte les clichés obligatoires du "Giallo" avec ce mystérieux meurtrier tout de noir vêtu et amateur des armes blanches.
Ensuite, le métrage se concentrera sur l'enquête conjointement menée par la police et cet expert en fraude à l'assurance, bientôt aidé par une journaliste qui s'est épris de lui, alors que l'assassin multiplie les meurtres en éliminant toutes les personnes ayant eu un rapport avec le mari décédé, ce qui permettra au métrage de brouiller les pistes de façon certes classique mais souvent probante, tout en avançant des théories quelque peu aléatoires, avant de nous révéler finalement l'identité véritable du tueur, même si les plus attentifs auront déjà une idée précise sur celle-ci.
En plus de ce jeu de pistes inhérent au genre qui alimentera un suspense constant toujours renouvelé, le réalisateur nous proposera quelques séquences d'agression et de meurtres parfois remarquables dans leur graphisme et osant même nous gratifier de quelques plans sanglants généreux ( le meurtre du steward ) et avancera régulièrement un érotisme qui pourra paraître bien prude de nos jours, mais mettant en valeur la plastique de ses jolies actrices de manière très agréable.
Mais surtout ce qui fait la force du film, c'est la réalisation exemplaire de Sergio Martino qui alterne avec un bonheur évident ses mouvements de caméra et ses plans audacieux ( même s'il en fait parfois un peu trop, notamment lors de la séquence d'analyse des mains, avec un cadrage provoquant de façon bien involontaire le sourire du spectateur ), tout en laissant s'exprimer la caméra qui opte régulièrement pour une mise en place subjective terriblement efficace lors des crimes.
L'interprétation est convaincante, surtout George Hilton et la très belle Anita Strindberg, même si les seconds rôles apportent également de la crédibilité à l'ensemble.
Les quelques effets spéciaux sanglants du film sont assez réalistes, surtout pour l'époque et ne viennent en aucun cas nuire à l'intrigue, bien au contraire.
Donc, même s'il n'atteint pas le degré d'intensité des oeuvres de Mario Bava ou du Dario Argento de la grande époque, "La queue du scorpion" reste un "Giallo" tout à fait recommandable, malgré une intrigue légèrement simpliste !
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