En provenance d'Australie, ce "Wolf creek" s'inscrit directement dans la lignée du renouveau des "Survival" purs et durs, sans concession et d'une brutalité exemplaire.
Le script se propose de nous faire suivre les terribles déboires de trois jeunes gens en partance pour des vacances au coeur de l'Australie qui vont, suite à une panne de voiture, se retrouver confrontés à un très dangereux psychopathe.
Toute la première partie du métrage sera occupée par la présentation des personnages, orchestrée sur un ton proche du reportage par le réalisateur, dans le but évident mais aussi facilement atteint de nous familiariser avec ces trois personnages principaux qui sont ici mis en scène de façon complètement crédible, réaliste, sans fioriture ( le réveil après la soirée de débauche ), diamétralement à l'opposé des stéréotypes habituels du genre, nous amenant ainsi naturellement à les prendre en sympathie.
Le début de leur périple au milieu de ce désert australien permettra surtout au réalisateur de mettre en avant de splendides décors naturels, tout en avançant quelques petits détails peu rassurants ( le panneau de signalisation troué par une balle, par exemple ), avant que la visite de "Wolf Creek", ce gigantesque cratère formé par la collision d'un météorite avec la Terre, ne vienne parachever la mise en situation idéale du spectateur en nous montrant des protagonistes plus matures que les apparences pouvaient le laisser croire.
Et c'est presque insidieusement que le réalisateur va faire basculer son métrage ( le temps qui se gâte, la panne de voiture et même l'arrivée trop providentielle de ce bienfaiteur dont certains détails laisseront appréhender le pire ) jusqu'à ce basculement frontal dans l'horreur absolue remarquablement retranscrite.
Car en effet cette deuxième partie du métrage s'avérera être riche en suspense, en laissant constamment entrevoir un échappatoire possible pour les personnages, tout en sachant installer un climat de tension permanent doublé d'une ambiance glauque ( en nous immisçant dans l'univers morbide du tueur au travers des découvertes macabres faites par les personnages, notamment dans le puits ), sans oublier une violence directe et brutale mais qui se montrera d'autant plus perturbante qu'elle ne cédera pas à la tentation du gore à outrance, rendant encore plus efficaces les quelques plans sanglants ( les doigts ) et les soupçons de sadisme apportés par les mauvais traitements infligés par l'assassin ( la crucifixion ), tout en nous offrant un final en demi-teinte, bien méchant ( la fuite de Kristy ) et laissant planer certains doutes sinistres.
Alors bien sûr, le métrage ne sort pas spécialement des sentiers battus du genre, n'échappant pas à certaines références évidentes, surtout le "Massacre à la tronçonneuse" de Tobe Hooper pour la description du lieu de résidence putride et délabré à souhait du meurtrier, mais en offrant une vraie psychologie à ce dernier, l'ensemble gagne encore en profondeur et en crédibilité, surtout quand on sait que le script s'inspire de faits réels.
L'interprétation est également un des atouts du film, en étant juste et sobre, avec un John Jarratt impeccable dans un rôle de psychopathe sans aucun surjouage et la mise en scène de Greg McLean ( dont c'est le premier long métrage ) est plus que probante, impliquant parfaitement le spectateur qui se sent peu à peu devenir de plus en plus voyeur dans le calvaire enduré par les personnages.
Les effets spéciaux sont réussis, aussi bien dans des maquillages parfaits que dans des plans gores très réalistes.
Donc, ce "Wolf creek" s'avère être une vraie réussite, en arrivant parfaitement à vivre l'intrigue à son spectateur et à le faire participer directement, tout en nous dressant le portrait d'un beau salaud !
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