CRITIQUE DVD

Pour son premier long métrage, le réalisateur espagnol Paco Plaza a en majeure partie réussit son pari, en adaptant assez librement le roman "Pact of the fathers" de Ramsey Campbell, pour nous livrer une intrigue à l'orée de plusieurs genres mais qui restera captivante et envoûtante de bout en bout.
Le script suit l'enquête d'une jeune femme désirant savoir pourquoi son père s'est suicidé sans motif apparent, en allant de découverte en découverte sur son passé trouble.
Après un générique particulièrement réussi ayant le mérite de rapidement situer les bases de l'intrigue, le métrage opte pour un ton presque intimiste pour nous décrire la douleur de cette jeune femme éplorée par la perte brutale de son père, un homme sérieux mais très aimant, ce qui nous permet de se familiariser avec ce personnage principal simple mais instantanément attachant, au travers de multiples détails nous montrant aussi bien sa fragilité que sa sincérité.
Et c'est de façon presque insidieuse que les premiers éléments perturbants vont venir se greffer à l'intrigue avant de véritablement prendre le dessus sur l'aspect dramatique jusqu'ici exploité lors de la découverte de la profanation de la sépulture parentale et surtout du devenir ignoble mais très symbolique du cadavre du père, lors d'une séquence plutôt terrible et remarquablement filmée.
Ensuite, le métrage, tout en accompagnant parfaitement l'héroïne dans sa quête de la vérité, saura se jouer de son spectateur en offrant plusieurs pistes potentielles et bien que nous renseignant suffisamment sur ces crédibles "Enfants d'Abraham" pour accroître la tension continue qui imprègne l'ensemble, le mystère restera entier jusqu'à la dernière partie du film, prompt à répondre aux nombreuses questions soulevées auparavant lors de rebondissements savamment dosés tout en installant un climat bien malsain dans son final douloureux.
Mais en plus de développer une intrigue plus que prenante, le métrage de Paco Plaza s'offre un esthétisme froid et glaçant, mettant remarquablement en valeur les séquences fortes du film et participant activement à renforcer le sérieux et la crédibilité nécessaire à l'adhésion du spectateur à cette histoire torturée et finalement assez sordide où la religion est quand même finement égratignée par l'auteur par son obscurantisme aberrant de nos jours.
L'interprétation est convaincante, tout en retenue, aidant ainsi l'ensemble à encore gagner un peu plus en crédibilité, même si le personnage de l'inspecteur de police semble quelque peu déplacé tout en apportant un peu de légèreté à l'ensemble. La mise en scène du réalisateur est fluide, préférant privilégier l'ambiance à l'action pure, ce qui arrive donc à différencier le style de Paco Plaza de celui de son proche compatriote Jaume Balaguero, même si on retrouve quelques éléments prouvant de l'influence de celui-ci est bien présente dans le film ( certains aspects des retournements de situations de la dernière partie du métrage ne sont pas sans rappeler le final de "Darkness", l'élément fantastique en moins ).
Les quelques effets spéciaux sont probants, aussi bien dans des maquillages réussis que pour une séquence sanglante dénotant avec le reste du film.
Donc, "Les enfants d'Abraham" fait partie de ces oeuvres qui donnent vraiment confiance dans l'avenir du cinéma de genre hispanique, en nous gratifiant d'une intrigue à tiroirs saisissante et d'un travail remarquable de son auteur !

L'image ne connaît pas de défaut notable.

La bande-son est harmonieuse, avec une partition musicale qui sait parfaitement accompagner l'évolution du métrage.

Les menus animés ont un excellent graphisme. Les bonus proposent les filmographies de principaux interprètes et du réalisateur, deux bandes-annonces VO et deux teasers du film, une longue et intéressante interview du réalisateur qui hélas opte trop pour un ton promotionnel vers la fin, un making-of assez complet, essentiellement composé d'interview des acteurs, quelques scènes coupées anecdotiques, un vidéo-clip et une comparaison du story-board du générique avec le résultat à l'écran.

Le splendide digipack propose une affiche ayant un impact certain et un verso complet mais peu graphique. L'intérieur du digipack reproduit de belle manière d'autres clichés forts du métrage. Par contre, les deux disques n'offrent pas une sérigraphie très probante puisque celle-ci demeure très simpliste.
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