La première chose qui frappe quand on regarde Cosette, c'est son esthétisme si particulier et avant-gardiste, et surtout la ressemblance de celui-ci avec celui de The Soultaker... bien sûr, rien d'étonnant à cela puisqu'on retrouve beaucoup de noms en commun dans les deux staffs, le réalisateur en tête ;). Alors : Soultaker et Cosette même combat ? Nop ! Là où les contre-jours, les placements originaux de caméra, les couleurs flamboyantes, etc... pouvaient nuire (légèrement) à l'immersion des spectateurs dans l'histoire de Soultaker, Cosette en fait une pierre angulaire de sa réussite. La raison en est toute simple : dans Soultaker cela restait encore assez maladroit par moment et surtout n'était pas spécialement justifiable, mais pour Cosette non seulement ce parti pris visuel correspond complètement à la thématique de l'oeuvre (gothique-Lotita) mais en plus il est totalement maîtrisé, renforçant par la même la narration. Un exemple tout bête : les 10 premières minutes du premier OAV. Elles servent à introduire Eiri, le personnage principal, ainsi que ses pertes de repaires (il a déjà "rencontré" Cosette quand on le croise pour la première fois) vis-à-vis du monde qui l'entoure, et bien, pour nous faire comprendre tout ça, pas besoin de long discours, la réalisation magistrale (plans fixes, nombreux reflets qui déforment la réalité du spectateur comme celle du personnage, etc...) suffit à nous faire ressentir son malaise. Passé ce cap, on prend enfin le temps de se poser pour nous présenter plus "normalement" (tout en gardant une réalisation hors normes) l'histoire, ses protagonistes et, grâce à des flashbacks, l'intrusion de Cosette dans la vie de Eiri. A partir de là on se rend vite compte qu'on est complètement happé par l'histoire et son ambiance envoûtante, et c'est seulement au bout de la dernière seconde du dernier OAV qu'on peut enfin reprendre sa respiration !
Car tout est fait pour nous entraîner dans cette histoire à la base simple, l'amour, mais d'une intensité et d'une complexité rare ! Cosette, à la fois bourreau et victime innocente et Eiri victime consentante sont d'une justesse et leurs échanges d'une complexité telle qu'on reste fasciné devant cette relation à la fois belle et malsaine. Autour de ce couple si particulier se construit un scénario tragique (Cosette tuée dans la fleur de l'âge) et très riche (le portrait de cosette peint par Marcello joue un rôle inattendu, effrayant et touchant à la fois).
Comme je le disais plus haut, la réalisation est une pure merveille, alliant des plans originaux (la mise en scène est bluffante d'inventivité) de toute beauté (les scènes dans l'univers parallèle de Cosette rappellent très souvent les tableaux de Dali) à une animation d'une grande qualité, et à un character-design des plus agréable et réussi. L'équipe technique a su insuffler à son oeuvre une atmosphère rare, mêlant réalité et onirisme et baignant dans l'horreur et le sang tout en gardant une beauté à couper le souffle ! (j'suis fan, ça se sent non ? :p). Je finirais sur la musique : quand on voit le nom de Yuki Kajiura dans le staff, ça veut déjà tout dire (enfin pour moi c'est synonyme de grande qualité), elle contribue ici à l'ambiance incroyable de Cosette, et signe certainement la plus belle BO quelle ait jamais faite !
En bref : histoire d'amour transcendée par le sang et la souffrance, Le portrait de petite cosette est une oeuvre magistrale, unique et parfaite, à voir absolument !!
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