Réalisé par Luigi Bazzoni en 1968, auteur notamment de l’excellent giallo Journée noire pour le bélier / Jour maléfique, ce western-spaghetti étrange est une adaptation libre de la célèbre nouvelle de Prosper Mérimée, Carmen, dans le cadre du western. L’homme, l’orgueil et la vengeance tient d’ailleurs beaucoup plus du drame romanesque que du western, même si Bazzoni utilise l’esthétique de celui-ci. Franco Nero (qui sera plus tard de nouveau l’interprète de Bazzoni dans son giallo Journée noire pour le bélier) y interprète un jeune soldat qui tombe amoureux fou d’un splendide gitane incarnée par la regrettée Tina Aumont (qui illumine le film de sa sensualité et de sa beauté) qui ne va cesser de le manipuler. Bazzoni s’intéresse beaucoup plus à la psychologie de ses personnages et livre une magnifique histoire d’amour. Le spectateur ne sait jamais si Tina Aumont est amoureuse de Nero ou joue avec lui. Mi-perverse mi-candide, le personnage jouée par Tina Aumont est traité en profondeur, ce qui est très rare dans l’univers du western-spaghetti, et est ambigu jusqu’à la fin du film. Le pauvre Franco Nero ne cesse de subir les caprices de la demoiselle, mais on dirait qu’il aime ça et qu’il en redemande ! L’homme, l’orgueil et la vengeance suit finalement assez fidèlement la trame de Carmen et ne trahit jamais la complexité de la relation entre les deux héros. Klaus Kinski fait une apparition-éclair mais remarquée dans le rôle du mari hors-la-loi de Tina Aumont et complique encore les liens tissés entre elle et Nero. Bref, ce film atypique, oscillant constamment entre mélodrame et western, est une sacrée curiosité et montre une nouvelle facette du western-spaghetti.
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