Tourné en 1977, Mannaja est l’un des rares westerns réalisés par l’inégal Sergio Martino, cinéaste qui a touché à tous les genres mais qui a surtout excellé dans le giallo (avec des titres aussi célèbres et géniaux que Torso ou La queue du scorpion). Sorte de complément au superbe Keoma d’Enzo G. Castellari, Mannaja met en scène le célèbre acteur de polar italien Maurizio Merli dans le rôle de Blade, étrange personnage vengeur maniant la hache aussi bien que le revolver. Les tonalités de Mannaja sont sombres, teintées d’un zeste de baroque et d’onirisme. Western italien tardif, Mannaja marque le crépuscule du genre, au même titre que des films comme Keoma ou 4 de l’apocalypse de Lucio Fulci. Dans un décor boueux (hommage au superbe Django de Corbucci) et constamment embrumé, de pauvres bougres sous la coupe d’un homme tentent désespérément de survivre. La musique est signée par les frères Guido et Fabrizio de Angelis, déjà responsables de la musique de Keoma, qui livrent ici un chant funèbre rythmant toutes les apparitions de Blade. Martino réalise le tout avec savoir-faire, n’hésitant pas à utiliser les codes du fantastique, ce qui donne au film une atmosphère très étrange. Outre Maurizio Merli, John Steiner et Philippe Leroy sont excellents dans le rôle des méchants, tandis que Martino retrouve la charmante Martine Brochard qu’il a déjà utilisée dans son excellent polar Rue de la violence / Polices parallèles en action. La très belle Sonya Jeannette (découverte dans Le corsaire noir de Sergio Sollima) est également convaincante, cachant derrière son innocence plus d’ambiguïté qu’on croit. Bref, Mannaja est un des derniers grands westerns italiens et une réussite inattendue de Martino dans le genre.
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