J'ai découvert cette inestimable série grâce à mon lieu de travail (une médiathèque avec plus de 3000 dvds, ça aide), et je n'ai pas pu m'empêcher de la commander direct!
Pour comprendre le concept de cette série complètement barrée, un petit retour dans le temps s'impose. 1993 : Stephen Cannell, David Greenwalt et John McNamara n'ont jamais produit de séries télé. Pour leur coup d'essai, ils décident de redonner du sens aux mots "original" et"novateur" en allant totalement à contre-courant du style de l'époque. Ils imaginent alors le personnage de Jim Profit, arriviste au sein d'une multinationale, qui fera tout pour monter dans la hiérarchie. Il ne semble pas connaître les notions de bien et de mal, ce qui fait de lui un véritable psychopathe en puissance (il couche avec sa belle-mère, tue son père, déterre les secrets les plus enfouis chez ses collègues pour les éjecter de leurs postes...). Le héros de "Profit" est donc... un pur bad guy. Même la figure imposée de son assistante (sans laquelle il aurait du mal à monter tous ces coups) est détournée, car elle aussi est soumise à un chantage honteux pour pouvoir accepter de bosser avec lui. Vous l'aurez compris, "Profit" est d'abord et avant tout une série qui séduit par le fond de son propos. Mais ce n'est pas tout.
Je reviendrais d'abord sur l'énorme double épisode pilote d'une durée de 1h26 (sans se farcir deux fois le générique), ce qui le rapproche d'une structure cinématographique. En effet, je dirais qu'à la limite le pilote peut se suffire à lui-même tellement il est riche de rebondissments et d'impacts visuels. La densité narrative sera une des marques de fabrique de la série, élaborant au fil des épisodesune toile d'araignée aux mille tenants (tant qu'il est difficile de tout capter à la première vision).
Les acteurs sont, sans exception, exceptionnellement choisis. En tête, Adrian Pasdar (des série "Heroes", "Mysterious ways", ...) qui trouve à mon sens son meilleur rôle, cynique, sans scrupule, mais pas dénué d'un certain humour. Le reste du casting est à l'avenant, sonnant juste par rapport à son rôle et à sa place dans la hiérarchie de la multinationale.
Presque tous les tabous de l'Amérique passent à la moulinette de cette série tellement géniale et avant gardiste qu'elle a été déprogrammée de la télé américaine au bout de 4 épisodes en 1995! l'intégrale de la série tient en 8 épisodes, tous diffusés en France par Jimmy en 1997. Les 8 constituent un tout très cohérent, et une seule piste est laissée en suspens à la fin. Nous avons donc bien une série complète avec le très beau dvd que nous a sorti free Dolphin en 2006.
Une série certainement bien en avance sur son temps, et qui, si elle avait été produite aujourd'hui, aurait peut-être pu durer!
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