Lorsque Claudio Fragasso, joyeux trublion du cinéma "Bis" italien en compagnie de Bruno Mattei, s'exile aux États-Unis pour réaliser un film, cela donne ce "Troll 2", une bonne grosse série Z flirtant aussi bien avec le ridicule que l'absurde.
Le script, s'émancipant totalement de premier film de John Carl Buechler réalisé pour Charles Band, pour nous conter les déboires d'une famille partie en vacances dans un petit village perdu qui tombera sous l'emprise des trolls, curieusement appelés "Goblins" tout au long du film, alors que le jeune fils communique avec son grand-père décédé, qui semble être le seul à pouvoir les aider.
Dès sa séquence d'introduction, le métrage annonce la couleur en s'installant dans le kitsch le plus ringard pour mettre une première fois en scène des petits monstres bien nuls, au maquillage flagrant et mal fait, surtout les masques de carnaval ridicules. Ensuite, la présentation de cette famille typique américaine ne soulèvera pas vraiment l'enthousiasme devant sa banalité, avant qu'elle ne parte s'installer dans ce petit village désert et pas spécialement accueillant.
Et c'est alors que les festivités vont réellement commencer, dans un grand déluge de n'importe quoi pas toujours assumé, en enchaînant des situations des plus farfelues ( le gamin urinant sur de la nourriture préparée par les goblins pour empêcher ses parents d'en manger ) et des plus cocasses ( le fantôme du grand-père se trompant de chambre pour venir parler à son petit-fils ) sur un rythme suffisamment vif pour que le spectateur ne sombre pas dans l'ennui, jusqu'au final, tranchant complètement avec le reste du film par sa noirceur absolue.
Alors bien sûr, il sera très facile de critiquer les nombreux défauts du métrage, que se soient les effets spéciaux plus que basiques, notamment dans la représentation graphique des goblins, mais ce serait faire abstraction des tentatives de scènes gores et gluantes plutôt sympathiques, ou encore une interprétation n'arrivant pas à trouver un juste milieu entre la torpeur infinie qui habite les parents et l'attitude de la maîtresse des petits monstres qui surjoue définitivement lors de séquences hilarantes, et surtout la présence de situations bien absurdes, dont on ne sait pas toujours trop s'il faut rire du second degré ou bien avoir pitié de la nullité absolue ( le pop-corn ).
Par ailleurs, le réalisation reflète bien le style de son auteur, aussi bien dans les cadrages serrés que dans ses mouvements de caméra, mais bien entendu, à aucun moment le métrage ne parviendra à installer le moindre suspense et aura bien du mal à faire sursauter le spectateur avec ses effets plus que réchauffés.
Mais, en prenant le parti d'en rire, ce "Troll 2" fera passer un agréable moment aux amateurs de kitsch et de bons gros "Z" délirants, tout en risquant de faire déprimer les autres, devant tant de bêtises complaisamment étalées sur l'écran !
|