Avec "L'emprise", le réalisateur Sidney Furie nous propose une expérience paranormale forte, passionnante et peu conventionnelle.
Le script nous décrit le cauchemar éveillé enduré par une jeune femme régulièrement visitée et violée par une entité invisible, sans que son entourage ni la médecine ne semble pouvoir y faire grand-chose.
Le métrage n'y va pas par quatre chemins pour mettre tout de suite dans l'ambiance et après une très courte mise en condition du personnage principal, la première attaque survient, surprenant déjà et faisant ainsi instantanément monter la pression, tout en installant de la sorte un tension qui ne faiblira pas par la suite.
Car en effet, les assauts de cette mystérieuse entité continueront régulièrement à se répéter, lors de séquences très fortes magistralement orchestrées par le réalisateur ( bien aidé aussi par une partition musicale puissante ), tour à tour douloureuses ( la baignoire ), choquantes ( l'agression dans le salon en présence des enfants ), sauvages et effrayantes ( celle chez l'amie de Carla ). Mais ce serait terriblement réducteur de limiter l'impact du film à ces séquences certes fortes, mais dont l'ampleur et l'aspect mystérieux seront largement augmenté par la tentative d'analyse psychiatrique venant semer le doute dans notre esprit en laissant supposer que l'héroïne puisse être la seule source de ces phénomènes, au travers des théories parfois saugrenues et perverses du professeur.
Et c'est ainsi que l'on pourra presque regretter l'orientation prise par la dernière partie du film, cherchant plus à verser dans le spectaculaire, pour nous amener vers un final assez mitigé bien qu'ouvert et surtout ne répondant pas à la plupart des questions soulevées ici ( l'identité et l'origine de l'entité, par exemples ), nous laissant ainsi faire nos propres extrapolations.
Mais le métrage s'appuie également sur une galerie de personnages fouillés, aux réactions terriblement humaines ( la couardise de l'amant de Carla ), tout en mettant évidemment en avant la personnalité trouble de l'héroïne et son passé peu reluisant, pour donner de la profondeur et de la consistance aux possibilités avancées par le corps médical pour tenter d'expliquer rationnellement les événements, même si l'on peut rester sceptique devant le caractère obtus de la persévérance et l'étroitesse d'esprit du professeur, malgré les preuves et les témoignages s'accumulant au fur et à mesure que l'intrigue avance, donnant de la sorte un caractère obsessionnel à son acharnement.
Le traitement apporté par le réalisateur joue également beaucoup dans la réussite globale du film, ne cherchant quasiment jamais à verser dans la surenchère pour malgré tout proposer des situations parfois odieuses, mais filmées sobrement et limitant souvent la violence graphique pour préférer un cadrage serré sur l'héroïne.
L'interprétation, très convaincante, vient naturellement renforcer la crédibilité de l'ensemble, ce qui ne sera pas forcément le cas des effets spéciaux dont les arrangements demeurent beaucoup trop visibles dans certaines séquences sur lesquelles insiste pourtant étrangement l'auteur.
Donc, "L'emprise" s'assure de réunir tous les ingrédients nécessaires pour être une vraie réussite et le résultat est plus que prenant, stressant et envoûtant, même si la dernière bobine du métrage calme un peu les ardeurs !
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