Pour son premier film, tourné à "l'arrache", le réalisateur Sheldon Wilson signe avec "L'écorché" une rentrée remarquable dans le genre.
Ce film fait parmi de ceux que l'on a pas envie de raconter, laissant ainsi le plaisir aux autres de découvrir ce qui va se passer à partir d'un pitch aussi alléchant.
En effet, trois officiers sur le point de fermer un bureau de police isolé en pleine foret après une enquête inachevée se retrouvent face à un adolescent débarquant nu et couvert de sang, un couteau sanglant à la main.
Et instantanément, dès le générique insistant sur des gros plans de cadavres putréfiés et mutilés et la première séquence, le réalisateur parvient à créer une ambiance lourde, menaçante, tout en soulevant rapidement de multiples questions, et ce dès l'apparition du jeune homme. Mais bien qu'avançant l'élément surnaturel très tôt ( avec l'inscription "No one leaves" et le sang apparemment doté d'une vie propre ), le film emprunte également beaucoup au "Survival"et au "Slasher", par ses décors boisés et grâce à l'introduction d'un mystérieux assassin bien sadique ( la jeune femme dénudée suspendue l'arbre lors de flash-back probants ), tout en décuplant le suspense déjà oppressant en démultipliant l'intrigue régulièrement, amenant ainsi le spectateur à s'inquiéter de ce qui arrive aux différents personnages dans des séquences différées. Et au fur et à mesure que l'on avance dans le métrage, même si les éléments se mettent progressivement en place, en ayant pris entre-temps le soin de laisser planer, voir même de s'épaissir le mystère ambiant ( l'arrestation en ville d'un autre adolescent couvert de sang, par exemple ), la tension ne se relâchera pas, poursuivant le spectateur à chaque rebondissement, même si certains faits n'apportent finalement pas grand-chose à l'ensemble ( l'accident du car, au demeurant très graphique et généreux en hémoglobine ), pour nous conduire à une conclusion originale construite tout au long du film, mais qui grâce à une dernière pirouette viendra semer un impossible doute dans l'esprit du spectateur et laisser le choix entre de nombreuses interprétations.
Mais ce qui fait aussi en partie la force du métrage, c'est le traitement apporté par le réalisateur, étonnant de maîtrise, aussi bien dans l'utilisation d'une caméra subjective qu'avec l'emploi d'apparitions en arrière-plan toujours efficaces, tout en suivant de près l'action et en n'hésitant pas se servir de mouvements de caméra appropriés.
Enfin, sans être excessivement gore, le film baigne littéralement dans le sang, poisseux, omniprésent et vecteur d'une partie du mystère du métrage.
L'interprétation est probante, notamment Rocky Marquette perturbant dans le rôle du jeune homme, tout en laissant aux autres la possibilité de devenir plus ou moins attachant.
Les effets spéciaux sont réussis, volontaires et très graphiques, aussi bien dans la présentation des cadavres que pour l'animation du sang et les quelques plans gore du film.
Donc, cet "Ecorché", terriblement prenant, s'avère être une excellente surprise, augurant on l'espère de la naissance d'un grand réalisateur !
|