CRITIQUE DVD

Le peuple des abîmes est à la fois une œuvre fourre-tout et fascinante, en tout cas unique chez la Hammer film. Dès le début, le film s’affiche comme appartenant au genre aventures, avec son cargo délabré ayant à son bord une brochette de passagers hétéroclites, un équipage de vieux briscards et un capitaine aux motivations mystérieuses. Dans ce microcosme, les personnages vont se découvrir peu à peu, comme à l’accoutumée, par la nature de leurs actions. Les rapports de forces, à priori évidents sur le bateau (le capitaine commande) sont pourtant mis à mal dès le début. L’autre moteur du récit a pour objet la cargaison du bateau, qui de danger potentiel, deviendra la solution de l’intrigue. Le film est ainsi parcouru d’ingénieux parti-pris qui en font un moment de très agréable divertissement. La narration est elle aussi travaillée, bien qu’un peu déjà-vu ; mais, au troisième tiers du film, le film d’aventures bascule dans le genre fantastico-historique, avec l’intervention d’algues mouvantes, d’un peuple surgi des profondeurs de l’histoire et de tout un attirail mécanique qui font vraiment des merveilles.

La photo du film est très travaillée et nous transporte littéralement dans un autre temps. La mise en scène de Michael Carreras (d’habitude surtout producteur, et un temps dirigeant de la Hammer Film) est soignée et habile, et égrenant des plans qui restent gravés longtemps en mémoire, à l’image de ce cimetière de bateaux vers lequel les protagonistes sont menés contre leur gré.

Le peuple des abîmes est un film comme on n’en fait plus (comme beaucoup) mais surtout un film que l’on n’a plus l’habitude de voir. Pour remédier à cela, je vous conseille de vous procurer ce fleuron de la Hammer, qui contient en outre de belles performances d’acteurs dont pas un n’est vraiment connu aujourd’hui.

Un master numérique au format respecté, 1.77 16/9. Image de qualité assez discutable, surtout en ce qui concerne la colorimétrie, bien trop sombre. L’émulsion chimique n’est pas non plus exempte de défauts, points blancs, noirs et scratchs faisant parfois leur apparition. Au milieu du film, quelques minutes présentent des défaut sur le bord cadre droit qui sont quand même assez gênants.

Piste mono anglaise très satisfaisante et bien restaurée. Piste française "à trous", car le film a été coupé lors de sortie sur notre territoire.

Menus statiques et sonores, très moyens, dans la continuité de la collection "Les Trésors de la Hammer" parue chez Metropolitan. Ici, même pas la sympathique bande-annonce d’époque habituellement servie. Juste (encore)un documentaire sur la Hammer : les films d’aventures, proposant des extraits recadrés et d’une qualité vidéo pitoyable. Pour les suppléments, passez votre chemin !

Le DVD est présenté dans un boîtier amaray simple. La jaquette fait très "old school", je trouve le visuel assez réussi. La sérigraphie du disque est assez commune mais bien exécutée ; de plus, le rond central est imprimé.

• Liste des autres critiques de ce film

• Liste des autres critiques de HAL 9000

• Critiquer ce film