Avec "Assault On Precinct 13", John Carpenter s'attaque pour la première à ce qui sera un des objectifs avoué de sa carrière: remettre le Western au goût du jour.
"Assault On Precint 13" est le deuxième film du jeune John Carpenter. Nous sommes en 1978, et le réalisateur cherche un moyen de rendre hommage à son film favori "Rio Bravo", et il y parviendra en transposant le film à l'époque moderne et en usant de la "Blacksploitation". C'est de ces influences que "Assault On Precint 13" tire son origine. Près de 30 plus tard, le film est toujours la référence du Western urbain, très souvent immité ("Nid De Guêpes", "Assault On Precint 13" le Remake...) mais jamais égalé.
La véritable force du film, c'est son ambiance oppressante et angoissante. En effet, les héros sont piégés dans un comissariat (lieu qui d'habitude symbolise la sécurité) assiégé par un gang anonyme et sans visage (rappellant un peu les Zombies de Romero... Autre clin d'oeil: le héros noir). En effet, on ne saura jamais d'où viennent les ennemis, pourquoi ils sont là, et leur visage restera dans l'ombre (Carpenter cherche a représenter de façon abstraite le Mal). Autre excellente idée: les fusils du gang sont tous munis de silencieux. On entends donc les impacts de balles mais pas les tirs... On a encore un paradoxe: le chaos a l'intérieur du comissariat et le calme apparent vu de l'extérieur. Encore un petit: les prisonniers sortent de leur cellule et s'allient avec les forces de l'ordre le temps d'une nuit pour survivre et protèger les civils.
Toutes ces contradictions donnent un ton particulier au film: le spectateur est perdu sans repères, et se contente de subir l'assaut du comissariat de manière aussi impuissante que les héros eux mêmes: en voila une idée de génie!
Comme tout les films de Carpenter, "Assault On Precint 13" a une portée politique: c'est une véritable boule de cristal de ce que seront les émeutes de Watts et de ce que peut devenir une banlieue abandonnée à elle même. Le long métrage décrit aussi la condition des SDF (comme "Invasion Los Angeles" et "Le Prince des Ténèbres") lorsqu'un clochard est pris dans la lunette de Sniper d'un des membres du Gang.
Enfin, je terminerais par une impréssion personnelle: tout dans ce film reflète la simplicité et l'éfficacité propre a Carpenter: le scénario, la réalisation, les acteurs... C'est tout simplement du Carpenter à l'état brut!
"Assault On Precint 13" est donc un film a voir a tout prix si vous êtes passé à côté. Censuré à sa sortie en salle (la scène du pacte du sang et l'éxécution de la petite fille), il apparaît maintenant en version intégrale avec un DVD bonus bien fourni. Vous n'avez donc aucune excuse!
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