Le monstre, (The Quatermass Xperiment) première aventure cinématographique du professeur Quatermass (viendront ensuite La marque et Les monstres de l’espace) pose les bases d’une science-fiction paranoïaque où la menace vient d’ailleurs. Ici, un survivant d’une expédition aux confins de l’espace mute en un hybride végétal dont le but est littéralement d’engloutir toute la planète. C’est le responsable indirect de la catastrophe, Quatermass, qui enquête sur l’affaire ; son obstination et sa ténacité en fait un personnage ambigu, interprété par un Brian Donlevy tout à fait à l’aise dans le rôle.
L’homme victime de la transformation offre aussi une belle réflexion sur le changement prématuré, la maladie, ou le vieillissement. Sa femme, le sachant atteint, désire tout de même être avec lui, ce qu’elle fera, à ses risques et périls.
La mise en scène de Val Guest en fait un film d’envergure : les trouvailles visuelles (le film dans le film, la présentation très iconique de la fusée) participent d’une ambiance incontestable, rehaussées par la musique très habitée de James Bernard. La résonance biblique du récit (qui se termine dans l’abbaye de Westminster) est d’une efficacité à toute épreuve. La fin, montrant l’échec cinglant de l’expérience de Quatermass, est admirable par l’impression de boucle sans fin qui s’imprime au récit. L’aspect de la créature mutante sera réutilisé dans La Marque, suite du présent film.
Le monstre, marquant l’une des toutes premières incursions de la Hammer Film dans le genre Fantastique / Science Fiction, montrera le chemin à la célèbre firme, qui officiera quasi exclusivement dans ce registre. Une date dans le cinéma anglais.
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