Fruit de longues années de pré-production auxquelles été associé l’acteur Ralph Fiennes, le projet a été finalement adopté par David Cronenberg.
L’exploration de l’inconscient et de la mémoire des hommes est un sujet à la fois passionnant et esthétiquement porteur. Le réalisateur de La Mouche peint à l’aide d’une équipe soudée un univers visuel et psychologique absolument hypnotique, expressionniste, sublime.
La musique mélancolique et lancinante d’Howard Shore est aussi pour beaucoup dans l’humeur pesante qui baigne le métrage, nous faisant naturellement adopter le pas hésitant de Spider. La cohérence des images et de leur signification est assez incroyable : presque muet, le rôle de Ralph Fiennes est pourtant sûrement le meilleur de sa carrière. Sa composition est hallucinante d’expression, de froideur, de méchanceté parfois, de faiblesse souvent. Le ton déroute, mais pour peu qu’on s’y abandonne, on assiste à un grand morceau de cinéma, peuplé d’images fantastiques, d’acteurs fabuleux et d’un scénario plus compliqué qu’il n’y paraît.
Tout y est abstrait : le style d'illustrations, le langage employé par Spider, la menace invisible dont il, veut se protéger à tout prix... Tout y est donc abstrait, pour mieux faire ressortir l'objet de la quête de Spider, terriblement concret. Si le film n'est pas le chef d'oeuvre de Cronenberg (je lui préfère nettement Videodrome ou La Mouche), il nous prouve qu'il est toujours présent : La réussite éclatante de A History of violence en est la preuve.
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