Troisième volet de la trilogie Bleu, Blanc, Rouge (qui traite respectivement la liberté, l'égalité et la fraternité) du réalisateur Krzysztof Kieslowksi, "Rouge" est peut-être le film le plus profond de ce réalisateur. Pourquoi ? Parce qu'il confronte deux personnes qui ont un point de vue opposé sur le monde. D'un côté, Valentine, une jeune femme d'une très grande gentillesse, épris d'humanité (superbe Irène Jacob) ; de l'autre un juge à la retraite (magnifique Jean-Louis Trintignant) qui est écoeuré de la vie et qui n'a trouvé d'autre but dans sa vie que de mettre sur écoute ses voisins pour écouter leurs histoires. Le côté humaniste et donc fraternel de Valentine va donner lieu à des débats houleux mais surtout permettre au juge de changer son point de vue sur le monde. Il sait désormais qu'une personne l'apprécie et il en a autant à son égard. En plus de cette sublime confrontation de points de vue, le réalisateur Kieslowski a l'ingénieuse idée de faire des va-et-vient entre l'histoire du juge à la retraite et l'histoire du jeune homme, celui qui va lui aussi devenir juge à son tour. Leurs histoires sont indiscutablement mêlées. Valentine quant à elle ne cesse de croiser ce jeune juge sans jamais le rencontrer. Cinéaste du hasard, Kieslowski poursuit donc dans cette voie.
Pourtant, si le réalisateur est souvent pessimiste sur le devenir humain, il se permet à la fin du métrage un happy end qui clot sa trilogie de la façon la plus remarquable.
Il s'agit à n'en pas douter du plus grand film sur la fraternité. Il reste dommageable que ce film n'ait pas eu la Palme d'Or à Cannes, celle-ci étant revenue à Pulp Fiction.
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