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Résumé "Répulsion"
: Carole (Catherine Deneuve), jeune et belle manucure habite à Londres avec sa
soeur Hélène. Carole, assez introvertie éprouve une certaine répulsion pour les
hommes (dont principalement le nouvel amant de sa soeur) et tout ce qui de près
ou de loin aurait à voir avec le sexe. Helene et son amant décidant de partir
en vacances laissent alors Carole seule dans l'appartement : elle ne tardera
pas à basculer dans la folie la plus terrible.
L'avis "Répulsion" : Premier film de Roman Polanski réalisé en langue
anglaise, ce film nous conte l'histoire d'une lente et inexorable descente vers
la folie.
Rangé, à l'époque dans la catégorie des films d'"horreur", ce film va par delà
le genre initié par Hitchcock (Psychose) ou Michael Powell (Le voyeur). En
effet, l'intérêt du film est de filmer la folie "de l'intérieur". Polanski
s'amuse à nous montrer comment quelqu'un bascule dans la folie non pas d'un
point de vue extérieur, mais en plaçant le spectateur à la place du personnage
de Carole, dont le problème est qu'elle est simultanément attiré et révulsée
par les hommes. Dérangée dans son sommeil par les cris de plaisir de sa soeur
(le premier orgasme féminin jamais entendu dans le cinéma britannique !), sa
folie commencera le jour où sa soeur, partie en vacances la laissera seule dans
l'appartement. Pour renforcer cette impression, Polanski utilise intelligemment
des bruits agissant comme autant de facteurs accentuant la névrose de son
personnage : bruits de pas dans l'escalier, "tic-tac" des pendules et des
horloges, comme s'il s'agissait des seuls bruits que Carole entende pendant
l'absence de sa soeur.
L'une des autres astuces de Polanski est d'avoir choisi volontairement une
belle actrice pour interpréter ce rôle. le contraste entre la folie de Carole
et la beauté de Catherine Deneuve est saisissant renforçant encore plus
l'impression de malaise que Polanski veut suggérer à son spectateur. Catherine
Deneuve est à ce titre assez convaincante dans ce rôle avec très peu de
dialogues et exprime assez bien sa folie par les gestes et surtout le regard.
Un film d'"horreur" intelligent et très bien mis en scène par Roman Polanski.
Résumé "Cul de sac" : Isolés sur une île irlandaise, George et
Teresa vont voir leur vie bouleversée par l'arrivée de deux gangsters en
cavale.
Avis "Cul de sac" : Récompensé par un Ours d'Or au Festival de
Berlin en 1966, Cul de sac, troisième film de Roman Polanski (après Le couteau
dans l'eau et Répulsion) est aujourd'hui considéré comme un "classique".
Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il s'agit d'un film à la fois étrange et
très clair : d'une part le titre Cul de Sac désigne-t-il l'endroit ou habite ce
couple qui a délibérément choisi de s'isoler dans un immense château ou bien
désigne-t-il le chemin qu'ont emprunté ces gangsters, comme s'ils se jetaient
dans une impasse dont ils ne pourront sortir ? Etrange également, le peu
d'informations que Polanski nous donne : que font-ils ici, pourquoi ont-ils
choisi cet endroit ? Autant de questions qui s'accumulent au fur et à mesure du
film. Mais au final la trame narrative du scénario est assez simple : il ne
s'agit pas d'une histoire conventionnelle où les personnages ont une
motivation, un passé et où les évènements s'enchaînent avec une suite logique
et bien organisée. Le propos de Polanski est simple : son scénario s'attache à
décrire l'impossibilité de chacun à échapper à ses responsabilités, et le fait
de façon assez plaisante comme si un grand cauchemar se déroulait devant les
yeux du spectateur.
De plus le scénario nous réserve quelques moments également drôles (l'un des
gangsters se voit transformé en domestique suite à l'arrivée incongrue d'amis
du couple, dont la très jeune Jacqueline Bisset) qui déstabilisent le
spectateur. On ne sait plus s'il s'agit d'un film noir, d'un polar, d'une
tragédie ou d'une comédie. De même, lorsque l'un des gangsters décide de couper
la ligne de téléphone, on comprend qu'il coupe par là même le seul moyen qui
reliait ce château à la réalité des choses. Désormais les trois personnages
(l'autre gangster est décédé de ses blessures) sont à la merci du monde
cauchemardesque symbolisé par ce château.
Le casting choisi par Polanski est remarquable : Donald Pleasence (le Dr.
Loomis d'Halloween notamment) interprète avec conviction et sincérité un mari
faible, effacé, timide et incapable de prendre une décision, marié à une femme
éclatante de beauté, Françoise Dorléac (la soeur de Catherine Deneuve). Leur
couple est presque irréel dans cette sombre demeure.
Bref, un film qui est une leçon d'humour noir et pour lequel la direction
technique de Polanski est remarquable.
Résumé "Le couteau dans l'eau" : un couple prend en voiture un
auto-stoppeur et le mari invite le jeune homme à une promenade en mer à bord de
leur bateau. C'est le début d'un huit clos mettant en valeur la force de
caractère de chacun.
Avis "Le couteau dans l'eau" : Ce film est le premier de Roman
Polanski et le seul long métrage qu'il tourna en polonais, sa langue
maternelle. En décidant de shooter la grande partie de son film sur un bateau,
Polanski opte véritablement pour un film qui sera une étude de personnages et
de caractères.
La confrontation entre l'époux et le jeune garçon est intéressante. Analysée
comme un rapport de force, Polanski nous montre que le mari dispose de la
supériorité physique, de l'expérience due à son plus grand âge mais aussi et
surtout d'une femme. Assez curieusement cependant, il cherche à tout prix la
reconnaissance et le respect du jeune homme. On comprend dès lors que la
rupture entre tous ces personnages n'est pas loin et cette impression de point
de non retour est renforcée par le confinement des personnages à un espace
volontairement réduit, le bateau.
Pour autant, le rythme du film est assez lent (limite ennuyeux), malgré
l'espèce de violence sourde que l'on sent monter au fur et à mesure de
l'histoire, tandis que la fin permettant une scène romantique (entre le jeune
homme et la femme) est assez convenue.
Il s'agit de la première oeuvre du réalisateur qui nous donnera par la suite
Rosemary's Baby, Chinatown ou plus récemment Le Pianiste et qui donc, par
définition, est tout de même intéressante, surtout si l'on considère que
Polanski doubla lui-même la voix du jeune homme, que le rôle de la femme est
doublé par une comédienne professionnelle. Une curiosité !
Ce coffret au final est quand même assez intéressant car il nous permet de voir
les trois premières oeuvres d'un réalisateur atypique. Les numéros d'acteurs
sont globalement assez bons et rendons grâce à l'éditeur d'oser sortir ce type
de film aux antipodes des succès commerciaux et autres blockbusters de tout
poil.
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