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DVD A LA LOUPE


VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER - EDITION DéFINITIVE / 2 DVD

Lui écrire Hotkiller

Voyage au bout de l'enfer - Edition définitive / 2 DVD DVD sorti le 23/05/2005


Cliquez pour voir la jaquette en haute-définition

Editeur : StudioCanal
Distributeur :
Universal StudioCanal Vidéo

Date de sortie en salle : 7 mars 1979

Durée du film : 2 h 55 min.

Acteurs: Robert De Niro

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Nombre de visites :
2325


   

Le Film : 10/10

Résumé : Fin des années 60, Etats-Unis, Pennsylvanie : trois amis, ouvriers metallurgistes sont appelés à rejoindre l'armée américaine au Viet-Nam. Aucun d'entre eux n'en rentrera indemne.

Avis : Le conflit américain d'Asie du Sud-Est a bien souvent été porté au cinéma. Mais en réalisant en 1978 ce Voyage au bout de l'Enfer, Michael Cimino fut le premier à aborder cette guerre sous l'angle du "avant, pendant et après" comme si pour tous ces jeunes pleins de vie il ne pouvait plus y avoir de vie normale après l'expérience viet-namienne.

Le film de Cimino est donc découpé en trois parties distinctes. La première nous relate l'expérience des joies simples d'une vie faite de labeur mal payé; d'une vie difficile mais où les copains se retrouvent au bar le vendredi soir autour d'une bière tandis que le "Can't get my eyes off of you" sort du juke-box et rythme les coups autour de la table de billard; d'une petite ville industrielle ou quelques jeunes filles timides se plaisent à rêver d'un mariage avec un homme courageux et travailleur. L'Amérique insouciante et joueuse de l'American Graffitti de Lucas est cependant loin, très loin. Elle a laissé place à l'Amérique de Cimino qui la veut sombre, cradingue et industrielle. Exit les hot-rods rutilants et la gomina dans les cheveux; les personnages de Cimino roulent dans une Cad Eldorado sans âge, balancent leurs bières sur le bord de la route et rigolent sans vergogne de leurs blagues parfois salaces.
Sous ces dehors un peu frustes, il est néanmoins permis de penser que Cimino s'attèle à nous décrire un rite minutieux d'initiation : non pas celui qui fait passer de l'adolescent à celui de l'adulte, mais surtout celui de l'adulte naissant à celui de l'adulte expérimenté ; de l'adulte insouciant et utopiste à celui de l'adulte raisonné et parfois meurtri.

Tout le propos de Cimino est en effet de nous décrire la façon dont se forge une expérience d'homme, la façon avec laquelle se forge ce qu'Oscar Wilde appelait "nos erreurs". Cette idée de "rite de passage" il la distille à travers trois personnages parfaitement introduits grâce à la longue scène du mariage en début de film : Steve, le jeune marié est le symbole de l'insouciance et de la joie de vivre ; Nick, témoin de Steve représente l'ami de toujours, celui sur qui l'on peut compter dans les bons et les mauvais moments, tandis que Mike qui semble légèrement plus âgé que les deux autres est présenté comme une sorte de jeune Patriarche qui veille sur sa bande : il est celui qui sait, celui qui n'a pas peur, celui qui sert de référent à tous les autres dans leur jugement. Mais assez curieusement, alors que les images du film de Cimino sont remplies de joie et de bonheur, il y a comme une sorte de menace sourde qui pèse sur ces trois personnages : cette soirée est aussi leur soirée d'adieu avant leur incorporation et c'est pour eux l'heure des petites phrases et des grandes promesses : Steve jure à sa femme qu'il fera attention à lui tandis que Nick découvre presque par hasard l'amour que lui porte Linda. Ainsi Cimino nous fait-il rapidement comprendre que malheureusement toutes ces promesses de bonheur ne pourront se réaliser, que ces idées fugaces de joie et de tranquilité prendront le Viet-Nam en pleine gueule et que, comme le veut le dicton populaire, "plus rien ne sera comme avant". Point d'orgues de cette soirée : la rencontre des trois amis avec un Viet-Vet qui revient du conflit où le spectateur saisit immédiatement qu'à leur tour ces derniers vivront l'expérience traumatisante qui au final vous donne un regard désabusé et triste sur l'Homme en général et sa capacité à se détruire en particulier.

La scène suivante, que l'on situera toujours dans cette première partie du film fait référence à son titre anglais (The Deer Hunter - le chasseur de cerf). Les personnages principaux décident de s'organiser une ultime partie de chasse au cerf dans les montagnes de Pennsylvanie. C'est l'occasion pour le réalisateur d'encore mieux fixer leur caractère et plus particulièrement celui de Mike. Ce dernier, pour qui la chasse n'est pas un sport mais un état d'esprit avec une certaine déontologie ("A deer has to be taken with one shot" - "On ne doit tuer le cerf qu'avec une seule balle") se transforme par son regard, son discours et ses attitudes en un leader charismatique, en celui qui dans les moments les plus tragiques saura faire les choix qui s'imposent. Pour conclure cette scène de chasse, Cimino nous "offre" la mort d'un cerf tué par Mike : la liaison est parfaite avec la seconde partie du film car l'oeil torve de l'animal en train de mourir laisse augurer du pire pour nos personnages et qu'à l'image de cette bête, leur expérience de vie passera par l'effroi, l'incrédulité et la folie.

Dans la seconde partie du film le réalisateur propulse spectateur et héros directement dans la jungle viet-namienne où après quelques combats, Cimino nous livre la scène qui restera dans nos mémoires, celle qui transforme Voyage au bout de l'Enfer en film-référence, en film qui marque son époque pour en faire un classique intemporel : prisonniers dans un camp viet-namien les trois soldats ainsi que d'autres prisonniers sont obligés de se livrer entre eux au cruel jeu de la roulette russe sous la menace de leurs gardes viet-namiens. C'est ici que se révèle à proprement parler le génie de Michael Cimino, car la violence de cette scène ne se fait pas à grand renfort d'effets grand-guignolesques. Plutôt que de montrer à plusieurs reprises la tête d'un prisonnier explosant sous l'impact de la balle, Cimino utilise la suggestion pour distiller la violence et la peur; la cruauté de ce jeu se fait ainsi beaucoup plus palpable quand par exemple Steve, avec son regard de cerf apeuré, tend l'oreille pour savoir si le bruit qu'il va entendre sera celui d'un simple clic ou d'une sourde détonation. Le spectateur est alors intimement mêlé à l'environnement visuel et sonore des personnages, participe du même ton à leur angoisse et souffre de la même claustrophobie dans ces cages de bambou à moitié immergées. Toute cette scène qui dure pas loin de 15 minutes est à proprement parler magistrale. A titre d'exemple comparatif il suffit de prendre le film de John Woo réalisé quelques années plus tard intitulé Bullet in the head. Largement insipré du Deer Hunter, ce film reprend cette scène à son propre compte. Malheureusement malgré son indéniable talent, le réalisateur hong-kongais ne réussira jamais à insufler la même émotion à cette scène et toute sa séquence relèvera plus d'un "Portés Disparus" ou d'un "Delta Force" que d'un grand classique. c'est pourquoi il faut vraiment rendre hommage à Michael Cimino, car, à l'instar d'autres scènes dans d'autres films (Midnight Express, Vol au-dessus d'un nid de coucou etc...) sa caméra donne de l'émotion au spectateur, capte son attention pour ne plus la lâcher et lui offre un spectacle mémorable.
A la faveur d'une proposition faite par Mike à ses geoliers (dont je tairai le contenu afin de ne pas "spoiler" le film auprès de ceux qui ne l'auraient pas encore vu), les trois personnages réussiront à s'évader de ce camp de prisonniers. Toutefois, c'est à nouveau l'occasion pour le réalisateur d'enfoncer le clou du point de vue de la personnalité de ses personnages : Steve, hébété, quitte cet enfer diminué physiquement et psychologiquement : sa jeunesse et son insouciance ont laissé place au traumatisme de la guerre. Pour Nick, le passage de cette épreuve semble l'avoir plus endurci que meurtri et il se présente comme celui qui pourra peut-être s'en sortir, sa promesse d'amour avec Linda pouvant lui offrir quelque chose à reconstruire lors de son retour au pays. Pour Mike, enfin, cette scène de la roulette russe et de l'évasion qui s'en suivra renforcent son image de "chef" qui garde son sang froid en toute circonstance, cette image de celui qui, en dépit des circonstances extrêmes sait garder sa lucidité, lucidité parfois exacerbée et que Nick viendra mettre à mal lorsque Mike voudra abandonner Steve derrière lui à cause de ses blessures. Pour autant malgré une expérience commune, chacun des personnages reviendra du Viet-nam avec ses propres démons. C'est l'objet de la troisième et dernière partie de ce Voyage au bout de l'enfer.

Dans cette troisième partie, le récit de Cimino se fait encore plus humain que précédemment. Les trois destins de ses personnages lui permettent d'analyser de façon différenciée les conséquences de ce drame national que fut le conflit viet-namien et qui, rappelons-le, ne s'était achevé que 3 années avant le tournage du film. En effet, si l'on met de côté l'aspect blessure physique (incarné par le personnage de Steve), le propos du réalisateur est également de détailler les conséquences sociales et humaines du retour au pays de ces viet-vets. Il est des images que les personnages ne peuvent oublier, des traumatismes qui changeront à jamais leurs rapports à la vie, des terreurs qui viendront les hanter quotidiennement et qui les empêchent de se réinsérer dans le tissu social de leur vie précédente. Ainsi Nick, après un séjour en hôpital est-il resté là-bas, son amour pour Linda, n'ayant pas su le guérir et forcer son retour. Pour Mike, le retour lui laisse un goût amer avec cette curieuse impression de "vous ne pouvez pas comprendre" l'inscrivant en décalage par rapport aux préoccupations de ceux qui l'entourent. Steve, enfin, sera l'incarnation de la souffrance physique et morale, l'incarnation de ce que cette guerre a de plus palpable dans son atrocité.
Parce qu'ils étaient partis à trois et parce qu'ils se devaient de revenir à trois, Mike repartira au Viet-Nam pour aller chercher Nick. Et le discours du réalisateur se fera encore plus pessimiste au regard des conséquences psychologiques de ce conflit : enfermé dans une démarche auto-destructive, le personnage de Nick s'adonne de façon répétée au jeu de la roulette russe contre de l'argent. Mais ses motivations sont plus profondes et procèdent d'une volonté nihiliste à l'égard de sa propre personne comme si la guerre avait tué sa personnalité précédente pour accoucher d'un homme au comportement certes suicidaire mais tellement en adéquation avec l'absurdité du monde qui l'entoure.

Bon nombre de réalisateurs se sont essayés, avec plus ou moins de talent, à mettre en scène la guerre du Viet-Nam. Aucun d'entre eux n'a réussi à mon sens à égaler le film de Cimino dans ce qu'il transpire à la fois la peur et le réalisme, dans ce qu'il analyse profondément les conséquences de ce conflit et ses ravages sur une partie des forces vices de la nation américaine. Pour servir son discours, le réalisateur a su s'entourer d'un casting remarquable : nous avons droit à un immense Bob de Niro (certainement l'un de ses plus beaux rôles), très à l'aise dans ce rôle de loup solitaire et fort, mais les interprétations de Christopher Walken et de John Savage sont tout aussi excellentes et l'on mesure l'engagement physique des comédiens au regard de leurs personnages. Mention spéciale également à tous les seconds rôles tels Meryl Streep, John Cazale ou George Dzundza (quel casting quand on y pense tout de même !) dont les rôles mettent bien en valeur leur indéniable talent.
Film dur, film humaniste, Voyage au bout de l'enfer est cependant aux antipodes des films à messages. Michael Cimino se borne à raconter avec talent une histoire simple faite de joies et de souffrances que l'on pourrait résumer aux paroles d'une chanson du grand Robert Zimerman : "How many roads must a man walk down...before you call him a man ?". Nul doute que pour Nick, Mike ou Steve, le chemin fut plus dur que pour quiconque mais Cimino se veut aussi optimiste dans sa vision de cette guerre car quelque part en Pennsylvanie, au bout d'une ligne de rocailles au coeur de la forêt, le regard d'un cerf croisera la ligne de visée d'un chasseur et celui-ci ne pourra....qu'abaisser son fusil.


L'Image : 2.5/3

Détails techniques : Format video : 16/9 - Ratio : 2.20 : 1

Avis : Vous pouvez définitivement oublier la précédente version reléguée à des années lumière de la qualité du master proposé sur cette nouvelle galette. Outre la quasi absence de défauts, drops et tâches diverses, le film présente une belle colorimétrie très uniforme et un rendu assez bien détaillé. Bref, il nous est enfin donné de pouvoir apprécier ce film dans une qualité digne de ce support qu'est le DVD.


Le Son : 1.5/3

Détails techniques : Dolby Digital 2.0 (dual mono) en français et en anglais - Sous-titres : français

Avis : N'étant pas un acharné du remixage 5.1 à tout va, je fus agréablement surpris de constater que le mono d'origine avait été conservé. Néanmoins StudioCanal nous a habitués à des restaurations de meilleure facture car à plusieurs reprises la piste sature légèrement au niveau des dialogues. Pour le reste, les bruits d'ambiance se dessinent assez bien sans trop mettre en péril les dialogues (pas de déséquilibre). La piste française m'a semblée beaucoup plus étouffée que l'original avec des bruitages qui ont également été doublés et l'ensemble manque cruellement de dynamique à l'écran.


L'Interactivité : 2/3

L'ergonomie des menus :
Après le traditionnel message relatif aux droits le sommaire du DVD est animé tour à tour par les visages des personnages principaux lors de la scène de roulette russe. Les couleurs dominantes sont le rouge et le noir. Les transitions entre les menus sont animées tandis que tous ces menus sont portés par la très belle composition musicale du film.


Les bonus :

Sur le disque n°1 :

  • Commentaire audio : disposer d'un commentaire audio du réalisateur justifie à lui seul l'achat de cette nouvelle version. Michael Cimino est un réalisateur passionnant et passionné : il évoque sans détour les conditions de son tournage et ses méthodes pour renforcer la véracité des scènes de son film. A entendre...absolument !


  • Sur le disque n°2 :
  • Entretiens : Michael Cimino, son chef opérateur et John Savage sont interviewés. Le réalisateur revient sur ses difficultés lors de la génèse de son film et ses problèmes de script, tandis que le comédien qui interprète le personnage de Steve revient sur l'extrême difficulté des conditions de tournage. Là aussi pas mal d'informations intéressantes nous sont délivrées.
  • Photos de tournage et bande-annonce


  • Dommage que cette édition collector ne soit pas un peu plus fournie côté bonus : on aurait apprécié de voir le regard de comédiens tels que le grand Bob ou Meryl Streep sur ce film qui frise avec les 30 ans...


    Les Visuels : 0.5/1



    La pochette / Le packaging

    Contrairement aux éditions collector pour lesquels StudioCanal nous a habitués au plus grand soin, dans le cas présent le ratage est quasi complet : outre un boîtier cartonné large et fragile, l'intérieur de celui-ci n'est pas pratique avec ce grand espace entre les deux galettes au point qu'un carton blanc de séparation tout ce qu'il y a de plus laid y est inséré afin d'éviter la chute de nos "précieux". Clairement il manque un livret fourni en photos et explications sur le film pour qualifier cette édition de collector. Néanmoins le bon point provient de la qualité du rendu des images figurant à l'extérieur comme à l'intérieur de ce boîtier.

    [ Voir le Top Packaging pour ce DVD ]



    La sérigraphie

    Les sérigraphies proposées sont assez mal faites : le mélange du titre (dans cette typo propre à l'armée US) avec une image du film avec de multiples logos donne au final une impression de confusion assez disgracieuse. Là aussi c'est curieux, StudioCanal ayant l'habitude de mieux faire.

    [ Voir le Top Sérigraphie pour ce DVD ]


    Note Finale : (16.5/20)

    Commentaires concernant cette critique

    - le 15/12/2006 à 11:32 par shams92 : J'ai acheté et adoré suite à la lecture de ta loupe. Merci à toi, et naturellement à M.walken et M.De Niro
    - le 25/11/2005 à 07:32 par ninnin4 : Yes, yes , yes...le grand Hot est (enfin) de retour avec une des ses meilleures loupes. Pas le temps ce matin de mettre mon avis dessus mais je compte le faire très prochainement. Encore vravo et vivement la prochaine.

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