DVD A LA LOUPE

Résumé : New York. Une vague d'actions terroristes perpétrées par des extrémistes musulmans s'abat sur la ville. Anthony Hubbard, chef de la cellule anti-terroriste du FBI, mène l'enquête aux côtés d'une experte de la CIA. Lorsque les attentats continuent, le général Devereaux déclare l'état de siège, organisant des rafles et des séances de torture. New York devient alors une véritable base militaire...

Avis : Alors que lors de sa sortie, "Couvre-feu" fut l'objet de critiques concernant l'improbabilité du scénario, les évènements du 11 Septembre 2001 changèrent nettement la manière de voir ce film qui apparaît aujourd'hui comme prémonitoire. En effet, si le mode d'attentat est différent, les motivations des terroristes, l'existence d'un réseau, et les réactions de l'administration américaine face aux attentats présentent de grandes similitudes entre la fiction de 1999 et la réalité de 2001. Les enquêtes post 11 septembre ont également mis en évidence des défaillances dans les liaisons CIA/FBI que l'on trouvaient déjà dans le film.

Sans vouloir aller trop loin dans cette comparaison a posteriori, il est évident que le réalisateur Edward Zwick avait basé son scénario sur des indices qui rendaient plausible l'enchaînement des évènements de la première partie du film. La nature des attentats de 2001 n'a pas conduit à mettre en place les mesures décrites (et décriées) dans la deuxième partie, mais on peut aujourd'hui se demander quelle aurait été la réaction américaine face à un ennemi présent sur son territoire. Une autre force du film réside dans le trio d'acteurs principaux, Denzel Washington (Hubbard, du FBI), Annette Bening (Elise Kraft, de la CIA) et Bruce Willis (le général Devereaux) entrant entièrement dans la peau de leurs personnages, évitant tout manichéisme, chacun ayant ses facettes claires et plus obscures. Deux seconds rôles remarquables (Tony Shalhoub, le bras droit d'origine palestinienne de Hubbard, et Sami Bouaijila, qui joue Samir, le contact d'Elise) complètent un casting sans défaut. "Couvre-feu" est un thriller prenant et efficace, mais c'est surtout une critique non dissimulée des dérapages possibles de la démocratie lorsqu'elle se sent en danger. La communauté arabo-américaine est traitée dans le scénario comme l'avaient été les américains d'origine japonaise après l'attaque de Pearl Harbor, et les atteintes aux droits de l'homme sont mis en exergue avec un certain courage, sans pour autant ignorer la barbarie aveugle des terroristes (la scène de la jeune femme au bras arraché est particulièrement poignante). Enfin, les rapports complexes entre le FBI, la CIA et l'Armée sont analysés sans complaisance, mais aussi en nuançant le propos par les difficultés inhérentes à des organismes cultivant le secret, obligés de composer avec des indicateurs peu recommandables pour mener à bien leur mission de protéger la démocratie.

Vu d'aujourd'hui, "Couvre-feu" est une film solide, avec des études de caractères qui contrebalancent harmonieusement une action musclée, rehaussée par des effets pyrotechniques très réussis. On pourra juste signaler un ralentissement de l'action dans la deuxième partie du film et un final un peu trop moralisateur, ce qui ne l'empêche pas de constituer un divertissement très intéressant.

 
Couvre-feu