Maggie Cheung serrée dans une robe à fleurs au col relevé monte rapidement un passage mal éclairé, Tony Leung qui descend l'effleure timidement, pendant qu'on entend une chanson d'amour brésilienne et nostalgique. L'essence enivrante d'un film susurré. Nous sommes à Hong Kong en 1962, dans la communauté des Shangaïens exilés, communauté dont le réalisateur est originaire.Leung est employé dans un journal, nous ne verrons jamais sa femme. Cheung est employée dans une agence de tourisme, nous ne verrons jamais son mari. En même temps que les deux protagonistes, nous comprendrons par de minuscules indices que leurs époux respectifs ont une liaison adultère secrète. Le feeling croissant entre lui et elle, si tristes, prélude à une intrigue sirkienne, mais qui ne débouche ni sur la tragédie ni sur l'adultère.Quelques années plus tard, l'amoureux frustré, enfui à Singapour, tente mais en vain de retrouver son amour de toujours. Le réalisateur, avec un pathétique encore plus soutenu que dans "Nos années sauvages", redessine une idéale patrie perdue. L'intériorité et l'extériorité des personnages, les gens et les choses, les chuchotements imperceptibles, tout cela se fond grâce à un rutilant impressionnisme abstrait. Et Maggie et Tony s'effleurent sous la pluie....
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