Ce "Régal d'asticots", au titre évocateur, verse dans le délire psychédélique outrancier à l'humour plus que douteux, d'un mauvais goût terriblement jouissif. Le script nous présente un homme, pas très propre sur lui, vivant reclus, avec pour seule compagnie des vers de terre, a qui il parle, qui ont chacun un prénom et qu'il nourrit au D.D.T., tandis que le maire de son village cherche à récupérer des documents prouvant que notre bonhomme est le propriétaire d'une partie des terrains proches d'un lac, contrecarrant ainsi les projets de restructurations municipaux. Alors, quand à la suite d'une ingurgitation accidentelle de quelques uns de ses vers de terre, une jeune femme se transforme créature hybride, mi-vers, mi-humaine, le moyen de se venger de cette communauté uniquement motivée par l'argent est tout trouvé.
Mais outre son intrigue principale, le film est surtout prétexte à une série de portraits de personnages décapants, tous plus tordus les uns que les autres ( des enfants au langage ordurier en passant par le prêtre pervers et avide de dollars, ou encore l'homme de mains du maire, débile léger au discours extrémiste ou cette famille de touristes complètement excentrique ), le tout baignant dans une saleté et un manque de savoir-vivre des plus évident, notamment lorsqu'il s'agit de manger. Et bien entendu, les vers de terre sont ici les vedettes, surtout lors de la dernière bobine du métrage, qui verra plusieurs protagonistes avaler les petites bestioles ( le tout filmé en gros plans, tant qu'à faire ), et sans trucage, cela va de soit, lors de séquences peu ragoûtantes et délibérément provocatrices. Mais c'est surtout l'humour débridé et d'un mauvais goût de tous les instants qui retiendra l'attention du spectateur, avec une ingéniosité constante pour alimenter l'ensemble du métrage de gags plus fous les uns que les autres, tout en profitant de l'occasion pour stigmatiser l'image d'une certaine Amérique. Alors, on pourra toujours regretter que l'interprétation flirte avec l'amateurisme, que la représentation des hommes-vers laisse à désirer ( la partie lombric des créatures se limitant aux jambes des acteurs engoncés dans des sacs à patates ! ), mais cela reste finalement bien dans l'esprit très second degré du film. Et surtout, on n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer une seule seconde dans ce métrage irrésistiblement loufoque et bien barré du ciboulot, purement jouissif. La mise en scène du réalisateur est vive, collant bien à l'action et n'hésite pas à avoir recours à des effets accentuant l'aspect comique des situations ( les plans accélérés, par exemple ), définitivement en adéquation avec le ton du métrage. donc, ce "Régal d'asticots", au risque d'en dégoûter plus d'un, mérite que l'on s'y attarde, tant sa volonté outrancière dans ses débordements en tous genres force le respect !
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