Ce "Blood surf" nous propose un pitch aussi improbable que joyeusement "bis". En effet, deux surfeurs, accompagnés d'une équipe de tournage limitée, partent pour une île isolée aux abords infestés de requins pour y filmer des séquences de surf, pour le "fun" et l'argent, au milieu des squales appâtés par le sang. Mais ceux-ci devront faire face à une menace largement plus imposante en la personne d'un gigantesque crocodile marin. Sans trop de fioriture, le film nous évite une longue présentation des personnages ( par ailleurs stéréotypés au possible : les deux jeunes inconscients, le producteur cupide, le baroudeur intrépide..., mais porteurs d'un second degré aussi évident que souriant ) pour s'atteler rapidement à l'action, avec une première salve plutôt anodine, mettant en scène des requins ( merci pour les images en stock-shot ), pour mieux espérer créer la surprise avec "l'apparition" du crocodile ( que le réalisateur mettra du temps à nous montrer ) et dérouler son intrigue empruntant largement aux "Dents de la mer", avec quelques attaques bien prévisibles et la chasse au monstre, ici en forme de revanche, et à "Lake placid" pour celles se déroulant sur la terre ferme, tout en se réservant une intervention bien barje de quelques mercenaires placés là sans que l'on sache trop pourquoi, pour nous emmener gentiment vers un final qui, à défaut d'être original, se révélera bien jouissif et donnera lieu à quelques plans gore très jouissifs ( un homme coupé en deux par le monstre, un autre tué par un piège sanglant, sans compter la mort "épique" du crocodile lui-même ). Le monstre, donc soigneusement caché pendant la première partie du métrage, s'étalera ensuite largement devant la caméra, et malgré un graphisme quelque peu primaire, parviendra à voler la vedette aux acteurs, avec ses sauts hors de l'eau presque comiques, tout comme lorsqu'il attrapera un quidam lancé sur lui en ouvrant juste la gueule, et ses courses effrénées de la dernière bobine du film. La mise en scène du réalisateur, un habitué des petites séries B ( "Les démons du maïs 3" ), est alerte et colle parfaitement à l'action par des mouvements réguliers. Par contre, l'interprétation ne parvient pas à éviter l'écueil du surjouage et fait preuve d'une inconsistance dommageable. Les effets spéciaux, du spécialiste des petits budgets John Carl Buechler sont convaincants quand ils versent dans le sanglant, mais l'animation du monstre connaît des ratés, notamment lors des inserts sous-marins. Donc, ce "Blood surf", flirtant délicieusement avec la série Z, s'avère amusant et généreux dans ses situations bien frappées et loufoques, et devient ainsi foncièrement sympathique !
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