Noe confirme tout le bien qu'on pensait de lui ,après Carne, avec ce premier long métrage inclassable. Où l'on retrouve notre boucher, incarné par l'irremplaçable Philippe Nahon, chez la mère de sa compagne, une grosse blonde vulgaire et argentée, enceinte de ses oeuvres. Après une étonnante séquence d'ouverture au cours de laquelle un pilier de bar assimile sa morale à son revolver, le protagoniste résume son histoire sur une vertigineuse succession d'images fixes. A compter de ce moment sa voix off ne s'arrêtera plus, torrent de rage et de hainequi, tout en commentant son destin misérable, tire à boulets rouges sur toutes les valeurs de la société. Rien ni personne ne sera épargné.De son précédent film Noe a conservé les principaux choix esthétiques(le format scope, les couleurs dégradées, les cartons) s ans jamais sombrer dans la redite. A l'instar de cette monocorde voix off dont il a accru l'importance, il a radicalisé ses options de mise en scène pour souligner la desespérante noirceur de son sujet. Les gros plans de visage qui débordent du cadre alternent avec les plans d'ensemble qui isolent les personnages dans de sinistres décors vides. Avec pour seul horizon une arme et trois balles, le boucher cherche un moyen de donner un caractère exemplaire à son existence ratée. Cette oeuvre poétique et dérangeant marquera le spectateur à jamais.
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