Les réalisateurs Mc Gehee et Siegel, dont on n'a pas oublié l'intrigant premier film Suture ont centré leur thriller sur la victime, une mère de famille bourgeoise prête à tout pour défendre son fils, victime de ses mauvaises fréquentations. Au clacissisme du scénario, merveille de précision qui enclenche une mécanique infernale à partir de l'escamotage d'un cadavre encombrant, répond le maniérisme de la mise en scène. A commencer par la stylisation chromatique et l'omniprésence des teintes bleues que vient bousculer le rouge de la voiture du gangster. De toute évidence, chaque cadrage a été mûrement pensé (le plan sur la goutte d'eau qui coule du robinet pour se superposer au visage de la mère, surgie de l'arrière-plan), et l'ensemble a été conçu pour que le Mal apparaisse comme une souillure que l'héroïne se doit de faire disparaître. Au risque de devenir elle-même un monstre et d'accentuer le caractère factice de son bonheur ripoliné. Dans le rôle de la mère Courage qui s'évertue à chasser de son visage lisse toute manifestation des sentiments qu'elle refoule, Tilda Swinton est magistrale. La voir caser ses activités criminelles dans son emploi du temps surchargé de femme au foyer est à la fois cocasse et terrifiant.
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