Avec ce "satan's slave", le réalisateur Norman J. Warren signe une oeuvre typiquement british, que n'aurait pas renié la célèbre firme "Hammer". Le script place une jeune femme dans la demeure d'un oncle méconnu, vivant seul avec son fils et une secrétaire, en convalescence après la mort de ses parents. A l'atmosphère étrange et recluse des lieux viendront s'ajouter des visions oniriques régulièrement sadiques de l'héroïne, pressentant ainsi le danger qui la menace. Pourtant, même si les deux séquences d'introduction, avec un premier meurtre assez sauvage, annoncent la couleur, le réalisateur laisse planer le doute sur les réelles motivations de cet oncle trop bienveillant et prend le temps de décrire les relations ambiguës entre les différents personnages, alimentant ainsi l'ambiance mystérieuse et sournoise du film, tout en agrémentant l'intrigue de scènes-chocs très graphiques ( le "suicide", les meurtres des jeunes demoiselles ). Par ailleurs, l'auteur n'hésite pas à avoir recours à une symbolique sataniste classique mais forte, allant au bout de ses idées, si sérieuse et si parfaitement maîtrisée qu'elle ne tombe heureusement pas dans le ridicule, teintée d'un érotisme jamais gratuit ( la séquence rêvée sur l'autel ), mais surtout parvient à entretenir une tension continue et insidieuse, pleine de sous-entendus ( les regards lors des funérailles ) et ce jusqu'au retournement de situation final, inattendu et bien géré. La mise en scène est ici assez simple, sans effet inutile, totalement dans le style du réalisateur avec son regard intimiste sur l'histoire qu'il nous conte. L'interprétation est vraiment convaincante, guidée par un Michael Gough jouant à la perfection sur le côté mystérieux emblématique de son personnage et apportant sporadiquement de légères touches d'humour subtil. Les effets spéciaux, d'un gore généreux et volontaire, restent de bonne facture, surtout pour l'époque du film. Donc, ce "Satan's slave" s'avère réussi, par son traitement sérieux et froid, mais également par sa volonté d'aller au fond des choses pour mieux choquer et surprendre son spectateur !
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