Atom Egoyan adapte un roman de Russell Banks reconstituant les circonstances d'un accident de car de ramassage scolaire sombrant dans un lac gelé. Egoyan nous livre une réflexion sur le passé, la famille, le chagrin et l'impossibilité sans doute d'atteindre jamais la vérité. Il met en scène une mosaïque complexe juxtaposant passé, présent et futur en une trentaine de mouvements temporels agencés avec une clarté narrative exemplaire, ainsi que le poème sur le joueur de flûte de Hamelin, contrepoint poétique de l'histoire centrale. C'est le refus du sentimentalisme, sur un sujet qui s'y prêtait, qui donne son prix à ce film, admirable méditation sur la nécessité du travail de deuil que vient interrompre un avocat qui se sert de la douleur des parents pour combattre ses propres tourments: une fille droguée qui ne cesse tout au long du récit de communiquer avec son père. Qui est responsable de l'accident de car: le conducteur, l'école, la municipalité, le fabricant du car? Vaines questions , parce que insolubles, auxquelles met fin l'adolescente, paralysée suite à l'accident, par son témoignage à la fin du film. Egoyan nous propose une tragédie de la rédemption, celle d'êtres humains qui trouvent en eux mêmes la force de surmonter l'épreuve et de cicatriser les plaies.
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